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Domaine français La lumière du désir

mars 2002 | Le Matricule des Anges n°38 | par Pierre Hild

La lumière du désir Frédéric-Yves Jeannet poursuit et commente l’oeuvre en cours qu’il trace à chacun de ses livres. D’une écriture flamboyante, il tente de rompre avec les deuils qu’il porte.

Frédéric-Yves Jeannet nous a déjà donné deux grands textes, Cyclone -dont la dernière édition est disponible au Castor Astral- et Charité -publié en 2000 chez Flammarion. Deux textes jumeaux : l’un tourbillonnant autour de la figure du père disparu, l’autre tentant de s’accrocher à celle de la mère. Ces deux livres ont suffi à imposer, pour certains, l’auteur comme un des écrivains contemporains majeurs. Avec Si loin de nulle part -premier texte que republie ces jours-ci le Castor Astral-, ils forment la longue chaîne d’une écriture en lutte pour résister et vivre quand une histoire personnelle vous a plongé dans les ténèbres. La longue chaîne d’une quête, celle d’une « lumière naturelle » retrouvée. La longue chaîne d’une écriture à la recherche d’elle-même, commentée ainsi dans l’inédit qui vient de paraître : les « maillons de la longue litanie de phrases enchâssées, inachevable excepté par ma mort, que je tisse en écrivant, et depuis que j’écris, avec lenteur, résignation, patience & impatience, dans l’attente perpétuellement inattendue du retour de l’écriture ».
S’il n’y a pas de méthode, il y a chez lui une façon très personnelle d’endiguer la douleur d’une condition de survivant : le travail de titan d’un homme puisant dans les ressources d’une malle pleine de notes où s’accumulent sur plus de vingt-cinq ans carnets, agendas, correspondances, esquisses de textes à venir. Une malle-ressource qui lui permet de recomposer ce passé en une suite de livres que vient compléter et commenter le dernier texte : « un tissage interminable de ce texte », un work in progress à la recherche du livre total.
« Je n’invente rien, n’ai jamais su inventer, me contente d’assembler & d’agencer différemment les pièces d’un même puzzle ». « Je ne dois pas me lasser de répéter & réinscrire les mêmes phrases, de retracer, ressasser, réitérer, réinventer. » Ce constat, La Lumière naturelle, ce court texte -qui rompt par sa distance avec les précédents- le dresse et l’interroge aussi. Il est comme une passe qui authentifierait le geste général de Jeannet tout en ne cachant pas les doutes qui l’assaillent et la volonté d’être autre, même dans l’écriture. À poursuivre « ce jeu, cet agencement, cette tentative de mise en ordre », Jeannet espère rompre « une ancienne malédiction qui l’a privé de mémoire », livrer cette « totalité exposée » qui le libérerait de ces maux qu’il nomme parfois « asthénie ». Mais cette totalité, est-elle exposable ?
En donnant un livre plus libre, moins saturé par les strates de textes antérieurs, il laisse s’ouvrir pleinement la flamboyance de son écriture : une force naturelle qui subjugue et donne un autre objet à ce qui, chez d’autres, pourrait paraître des marques de préciosités ou de romantisme suranné. Cette liberté va de pair, peut-être, avec l’exposition d’une sensualité très présente au long des pages. La matière des textes antérieurs, ces couches infinies de traces écrites, semble se détacher : Jeannet serait ici au plus près des mots, de la chair des mots, de sa propre chair -et de celle de l’autre-, prêt à toucher ce lieu où « se trouve encore enfouie dans le creuset des mots la clef de la lumière ».

La Lumière naturelle
Frédéric-Yves Jeannet
Galilée
88 pages, 15,50 (101,67 FF)

La lumière du désir Par Pierre Hild
Le Matricule des Anges n°38 , mars 2002.
LMDA PDF n°38
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