Vénéneux, le premier roman de Pierre Senges, l’était superbement, à l’instar de ces veuves noires, industrieuses et éplorées qui en quatre cent quatre-vingt-dix-neuf paragraphes débitèrent le corps de son héros et l’exportèrent au gré de leurs correspondances, leurs dons cyniques et vengeurs. Vénéneux, Ruines-de Rome, l’est toujours. Ici, un jardinier plein d’ennui et de rébellion dissémine industriellement les végétaux, les plantes afin que le béton, la civilisation craque sous l’enfer vert : « la botanique apocalyptique se voudra naturellement brinquebalante, explosive ». Conçu comme un herbier qui n’accueillerait que les plus extravagantes terminologies ou tournures lexicales, cet ouvrage, véritable chevauchée stylistique, ravira tous les anonymes, les sans-grade qui pensent que seule l’écriture peut triompher du néant.
Ruines-de-Rome
Pierre Senges
Verticales
252 pages, 15 € (98,38 FF)
Domaine français Ruines-de-Rome
mars 2002 | Le Matricule des Anges n°38
| par
Dominique Aussenac
Un livre
Ruines-de-Rome
Par
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°38
, mars 2002.