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Domaine étranger Les mots et la mort

janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42 | par Pascal Paillardet

Un écrivain scélérat peut-il composer un livre qui n’accorderait aucune chance de survie à son lecteur ? De quelle nature serait le crime s’il corrompait réellement la chair et le sang par le seule artillerie des mots ? Dans un bref récit, l’écrivain espagnol Enrique Vila-Matas s’exerça en 1975 à cette ébauche d’homicide littéraire. Réfugié à Paris, âgé de 27 ans, le Catalan présenta son projet à Marguerite Duras, sa logeuse, qui s’affirma peu convaincue par les aptitudes criminelles de la prose. Premier roman de Vila-Matas, auteur de l’Abrégé de l’histoire de la littérature portative (1990) et de Bartleby et compagnie (2002), tous disponibles chez Christian Bourgois, ce guet-apens mortel est un labyrinthe qui emprisonne sa proie entre des cloisons de mots. Roman à tiroirs, La Lecture assassine ressemble à ces criminels qui épient et tourmentent leurs victimes avant de leur porter l’estocade. Ce récit compartimenté, aux tentations symbolistes, approche avec des précautions presque maniaques son martyr -le lecteur- qui est imperceptiblement contraint de différer sa découverte du manuscrit meurtrier : une dizaine de pages sibyllines à l’origine de la mort de deux écrivains, Vidal Escabia et Juan Herrera.
Empruntant son vocabulaire à la rêverie des illusions fantastiques et au réalisme des enquêtes policières, ce roman admirablement construit témoigne d’un habile maniement de l’arme -l’écriture- mais effleure sa cible. Admirateur de Kafka, Vila-Matas installe brillamment la menace, suscite l’anxiété et le soupçon, mais le lecteur doute finalement de la nocivité du manuscrit incriminé… Si l’on reste sur sa faim, il faut pénétrer dans cet espace pluriel, ambitieux et étrange, comme dans un univers en devenir. Paradoxalement, cette tentative de mise en mort du lecteur signe l’acte de naissance d’un écrivain.

La Lecture assassine
Enrique Vila-Matas
Traduit de l’espagnol
par Pierre-Olivier Sanchez
Passage du Nord/Ouest
102 pages, 16

Les mots et la mort Par Pascal Paillardet
Le Matricule des Anges n°42 , janvier 2003.
LMDA PDF n°42
4,00