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Poésie Le retour Delisse

mai 2003 | Le Matricule des Anges n°44 | par Marc Blanchet

Reconnue par Char et Michaux, la poésie de Louis-François Delisse était devenue quasiment introuvable. Un volume anthologique permet d’en imposer les images singulières.

On sait qu’en parallèle d’une histoire littéraire favorisée généralement par des maisons d’édition importantes s’écrit une autre histoire, en dehors des mouvements et des médias, faite de personnalités dont les destins deviennent parfois obscurs tant nous manquons de renseignements à leur sujet. Il y a quelque temps encore, on aurait pu découvrir Dieu-tige de Louis-François Delisse aux éditions Myrddin en ignorant tout de son parcours mais en étant confronté à une poésie de haute tenue, troublante par la force de ses images et la beauté de son écoulement. L’anthologie Aile, elle des éditions du Corridor bleu permet de franchir une étape dans la redécouverte essentielle de ce poète injustement méconnu.
Né en 1931, Louis-François Delisse a aussi choisi une forme d’oubli : partir à l’étranger, se confronter à d’autres cultures, et surtout ne pas revenir pendant toutes ces années pour entretenir sa légende littéraire. Non, il s’est fondu au milieu des années cinquante dans le vertige des paysages africains, à quitter l’actualité littéraire, la frénésie des livres et des échanges pour le murmure des fleuves, des chants immémoriaux, des coutumes en lien continu avec le passé. Sa poésie en a été modifiée, mais ils furent peu nombreux ceux qui purent en témoigner : l’œuvre était confidentielle malgré son accueil par les éditions Guy Lévis Mano. René Char ou Henri Michaux reconnurent l’homme comme l’un des leurs. Rien n’y fit : Louis-François Delisse était sur une autre terre. À le lire aujourd’hui, on peut se dire qu’il y est encore, alors qu’il vit maintenant à Paris.
L’Afrique a fait imploser cette poésie en de courtes images, en un déluge de fréquences sans cesse numérotées, comme on dresse un catalogue de chants d’oiseaux. Les recueils présents dans ce volume vont de 1954-57 (Soleil total) à 1975 (Ode au voyage et à Henri Michaux). Les années soixante (Dieu-tige ; Le vœu de la rose ; Litanies I ; Pour aider la mort et Passe de l’os jaune) constituent le nerf de cette poésie lyrique, déchirée, extasiée plus qu’extatique.
Il faudrait citer une succession de ces images lapidaires pour en rendre l’esprit. Ainsi le deuxième temps du poème L’aimant intact du jardin extrait du Dieu-tige, et sa succession de poèmes chiffrés comme une partition : « 15. aigrette/ il a l’âme// sa fleur/ entre ciel et/ terre// cœur va/ l’eau qu’il a/ entre les rives// 16. petit/ sous ciel/ suce/ au noyau// 17. corps lui vient/ (l’épi du mil)/ pente du ventre/ a les sables// (corps lui vient)/ épine le traverse// 18. pivoine il a le pollen/ raisin il a la peau// le figuier sur ses hanches/ a sa bouche la citronnelle// 19. s’il meurt/ vent aura/ son souffle// s’il meurt/ sable aura/ sa joie »… Le poème ne s’arrête pas là, musical il a déclenché une frénésie de rythmes, il déploie un sens s’écoulant dans la chair. Louis-François Delisse est de la même génération qu’un Dupin. Il sait fragmenter sa poésie pour une notification de la vision et du réel qui laisse deviner derrière chaque poème l’écoulement plus continu et massif du temps. N’enfermons pas cette poésie dans une confidentialité involontaire. Delisse est un de nos grands poètes. Il a écrit une poésie sans jamais l’affaiblir de recherches formelles douteuses. Il s’y est abandonné corps et âme. L’œuvre est là tout simplement -à découvrir.

Aile, elle
Louis-François Delisse
Le Corridor bleu
(25, rue Jacques Louvel-Tessier 75010 Paris)
196 pages, 14

Le retour Delisse Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°44 , mai 2003.
LMDA PDF n°44
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