Un livre

L' Anti-pédagogue

de Jude Stefan

Editions Tirage

Contrairement à son habitude, Jude Stéfan dévoile un versant de sa vie sur lequel il était resté jusque-là assez discret. Mis à part Le Professeur X (La Cecilia, 1989) qui aurait mérité d’agrémenter le présent volume, ce jeune retraité de l’Éducation nationale ne se sera pas répandu sur ses années d’enseignement. Trente-six exactement, entre 1960, date de son arrivée au collège de Bernay et 1995 qui l’autorise à sécher définitivement les cours. Libéré des devoirs de l’enseignant et de son lycée de province « conditionnée par le catéchisme et la famille », il a recueilli en courts chapitres ses réflexions et souvenirs dans un Anti-pédagogue dont le titre paraît une antiphrase. Professeur de littérature classique (français, latin et grec), il s’était fait une méthode personnelle qui incluait les excursions en terre sportive, philosophique ou sociale, signe de son irréductible indépendance. Et on songe aux mots de Cioran : « La clairvoyance est le seul vice qui rend libre. Libre dans un désert ». Il est rare, en effet, de croiser un esprit plus autonome, plus libre d’exprimer ses opinions (anticléricales en diable) et capable de promouvoir, c’est son tic, les poètes « modernes » de son temps. À l’en croire, son personnage sut plaire à quelques élèves avides d’anticonformisme (c’est l’âge !), moins, c’est sûr, aux inspecteurs rompus à la routine du programme. Après avoir scandé son credo d’enseignant libre (« il ne prônera qu’une finalité, la liberté »), le poète et prosateur sourcilleux enjoint ses ex-collègues d’un prometteur « Ouvrez tout ! » qui rappelle beaucoup la fameuse injonction des surréalistes : « Lâchez tout ! »

L’Anti-pédagogue
Jude Stéfan
Éditions Tirage(s) limité(s)
(chemin de Criqueboeuf 14340 Bonnebosq)
127 pages, 15 €