Ancien élève des Arts déco, Xavier Dandoy aurait tout aussi bien pu suivre les cours de l’école Estienne où sont formés les typographes français. Déjà connu des lecteurs de Luc Dietrich et de René Daumal pour ses éditions à l’enseigne de l’Éolienne, il signe un petit traité typographique très plaisant consacré aux signes de la ponctuation ancienne et moderne. Jonglant avec une maquette colorée et extravagante, Xavier Dandoy rappelle l’histoire des douze signes usuels ([ :.![…, etc. et s’inspire des inventions telles que le « point de poésie » (J. Blaine), le « trait de pensée » que l’on retrouve chez Arno Schmidt ou les « … » déjà présents chez Paul de Kock Céline n’a pas tout inventé pour proposer la « bifurcation », le « contrefort » et même la « virgule flottante ». Néanmoins, sa préférence va au « ! » trafiqué. Attention, il ne s’agit pas d’un point d’exclamation standard, étique échalas d’usage courant, mais du « point d’ironie » (non reproduisible ici) inventé par le poète Alcanter de Brahm (Marcel Bernhardt, 1868-1942).
Si l’on ajoute les noms de El Lissitzky, Maurice Roche, Henri Pichette, Raoul Hausmann, Hervé Bazin ou Jean-François Bory, on voit à quel point la ponctuation passionne. N’oublions pas non plus les « typoèmes » de Jérôme Peignot ou les « types aux graphies » de David Lee Fong qui rappellent cette autre curiosité que sont les poèmes exclusivement composés de signes typographiques. Leur prototype apparaît dès L’Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux de Charles Nodier (1830) et pourrait bien encore faire des émules après André Martel. Les voies de la typographie sont insondables…
Le Treizième Signe
Xavier Dandoy
À hélice/Éolienne
(6-8, rue Vulpian 75013 Paris)
78 pages, 17 €
Arts et lettres Le point sans maître
février 2004 | Le Matricule des Anges n°50
| par
Éric Dussert
Un livre
Le point sans maître
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°50
, février 2004.