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Domaine étranger Le goût de la nostalgie

mai 2004 | Le Matricule des Anges n°53 | par Benoît Broyart

Nouvelles et recettes de cuisine à résonance autobiographique, René Vázquez Díaz poursuit son exploration originale des visages de l’exil.

René Vázquez Díaz quitte Cuba en 1974, alors qu’il est âgé d’une vingtaine d’années, pour la Suède. Il y vit depuis cette date. Voilà pourquoi l’exil constitue le cœur de chacun de ses livres ; l’exil mais surtout, ce que ce dernier impose comme sentiments complexes. Se reconstruire loin de la terre qui nous a vu naître sans l’abandonner, lui rester fidèle, être à l’écoute de la mémoire et de ses innombrables fantômes ; ils peuplent chaque texte de Vázquez Díaz.
L’originalité de la voix de celui qui se définit lui-même comme « le Cubain solitaire », c’est cette tension extrême qui pousse le texte à saisir des moments proches de la folie, du déchirement de l’être. Et dans les histoires de Vázquez Díaz, cette contraction s’accompagne d’une belle vitalité, d’une célébration des corps et de quelques pointes d’humour. La recette est pour le moins déconcertante et le résultat détonant.
Les cinq récits qui forment le recueil Exilia portent en eux l’arrachement. Il ne faudrait pas grand-chose, en effet, pour voir les personnages de Vázquez Díaz passer de vie à démence comme on passe de vie à trépas. Se tenir à la lisière, être sur le point de tomber mais s’accrocher aux corps absents/présents qui peuplent la réalité. C’est bien parce que les nouvelles du Cubain se développent dans un espace fictionnel périlleux qu’elles distillent une voix si humaine : « Ma fiancée chérie, aussi irremplaçable que ma propre denture, me dis-je furieux en ouvrant de nouveau les yeux et la bouche, comme un lézard, vers le soleil : je ne sais pas pourquoi bordel de merde ! je sentais que la perte de Mariela serait comme la perte de mes dents. Toutes d’un coup, molaires et canines, moi édenté précocement par un seul coup de pied au cul de l’Histoire. »
Deux publications offrent aujourd’hui de nouvelles facettes de l’auteur. On pense d’abord ces livres à mille lieues l’un de l’autre mais il n’en est rien. D’un côté, Exilia parvient à prouver que le Cubain maîtrise la forme courte, ses nécessaires raccourcis narratifs et son côté ramassé, alors qu’il livrait l’année dernière un magnifique roman, plein à craquer, Un amour qui s’étiole (voir Lmda N°44). De l’autre côté, on découvre un ouvrage composite, à mi-chemin de l’autobiographie et du livre de cuisine, ou plutôt embrassant les deux genres sans complexe, avec une aisance jouissive pour le lecteur. Dans Saveurs de Cuba, vignettes consacrées à l’enfance ou aux aliments typiques et gastronomie cohabitent comme si elles étaient faites pour s’entendre. Vous serez bientôt en mesure de préparer du poulet ivre ou goûterez la salade de l’évêque éclairé. Vázquez Díaz laisse aller sa mémoire pour retrouver la pulpe de son enfance et réserve une place à cette dernière entre les recettes afin de démontrer la place évidente que tient l’art culinaire dans la culture cubaine. « Après avoir mangé on peut penser à tout ou presque, disait ma grand-mère Celia : à la politique, à l’amour, à l’éducation, à la culture, à la religion et même aux affaires et à la réussite sociale ».
Deux ouvrages ; surtout l’occasion pour ceux qui n’auraient pas encore découvert cette voix moderne majeure de pénétrer dans un univers dont on ne sort pas indemne. Viendra après, c’est sûr, l’envie irrépressible de s’attaquer aux romans du « Cubain solitaire ».

René Vázquez Díaz
Exilia
José Corti, 192 pages, 18
Saveurs de Cuba
Calmann-Lévy, 276 pages, 19
Traduits du cubain par Bernard Michel

Le goût de la nostalgie Par Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°53 , mai 2004.
LMDA papier n°53
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LMDA PDF n°53
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