Le Jardin des minimiams
En détournant l’objet de leur travail, Akiko Ida et Pierre Javelle, respectivement photographe gastronomique et styliste de décoration, ont composé une série de diptyques, macrophotographies de fruits et de légumes devenus habitation, patinoire, terrain de sport accidenté, paysage extraterrestre… Un univers primeur agrémenté de minuscules personnages dans des mises en scène millimétrées, sophistiquées, photographiées de manière parfois aléatoire et imparfaite, comme autant de clichés capturés à l’instinct.
Avec Le Jardin des Minimiams, Alain Serres a détourné ce travail de création artistique existant, en a modifié sa vocation première pour se l’approprier. Il a écrit l’histoire de cet album à partir de ce que lui ont inspiré les macrophotographies en couleur (plans moyens, plans serrés) complètement réorganisées pour l’occasion. Le texte court se trouve imprimé au milieu de la page sur des aplats de couleurs acidulées, tantôt en blanc, tantôt en noir, dans une typographie bâton, « cassant » avec l’esthétique des photographies.
Le résultat confère à l’ensemble une atmosphère assez étrange, un peu inquiétante voire fascinante. Le jeune lecteur se retrouve à lire l’histoire d’un événement (une course cycliste relatée par un narrateur jamais identifié) qui est en fait le préambule d’une histoire dont il ne connaîtra jamais le début !
Le Jardin des Minimiams d’Alain Serres, Akiko Ida et Pierre Javelle
Rue du monde, « L’atelier de l’imagination », non paginé, 13 €