Nous sommes en Israël, au moment de la première guerre d’Irak, durant la période de 1991 où le pays a craint une attaque à l’arme chimique. Constance, la jeune narratrice, juive française, est venue à Jérusalem pour effectuer des recherches sur Flavius Josèphe. Comme la majeure partie des Israéliens, elle attend… Essais de masques à gaz, peur de la guerre, mélange d’incrédulité et d’urgence à vivre : chacun tente de s’accommoder de cette menace, l’image de la mort par le gaz hantant les uns, tandis que d’autres arborent un fatalisme un peu cynique. Valérie Zenatti montre bien, sans jamais céder à la tentation du pathos, l’atmosphère irréelle dans laquelle a été plongé le pays durant ces semaines. Mais la vie continue, s’obstine. Tamar, la meilleure amie de Constance, est sur le point d’accoucher.
La plume légère de Zenatti n’a pas de difficulté à nous faire croire à cette chronique des jours de guerre. On s’identifie vite à la narratrice, on la suit. Peut-être regrette-t-on cependant que cette légèreté de la plume se retourne à certains moments contre son récit ; ainsi, l’histoire d’amour manque un peu de consistance et n’évite pas toujours l’écueil du déjà lu : Constance vit avec Nathanaël une histoire tourmentée, et qui s’achève. La rupture, la fuite de l’héroïne chez sa meilleure amie, le refuge chez un jeune homme charmant rencontré peu avant, et qui a tous les traits d’un second amour : cette partie du roman nous convainc moins.
Cela ne nous empêche pas d’attendre avec curiosité les prochains livres de Valérie Zenatti, dont on connaît par ailleurs les talentueuses traductions qu’elle a faites des ouvrages de A. Appelfeld, et les romans de qualité qu’elle a écrits pour la jeunesse, notamment Quand j’étais soldate.
En retard pour la guerre de Valérie Zenatti
Éditions de l’Olivier, 189 pages, 17,50 €
Domaine français Journées particulières
février 2006 | Le Matricule des Anges n°70
| par
Delphine Descaves
Un livre
Journées particulières
Par
Delphine Descaves
Le Matricule des Anges n°70
, février 2006.