Astrophil et Stella (suivi de) Défense de la poésie

On doit à L’Or des fous une belle édition de la première grande suite de sonnets amoureux de l’époque élisabéthaine. Aussi célèbre que celle de Shakespeare, à l’autre bout de la même période, elle est constituée de 108 sonnets et de 11 chansons, et fut composée entre 1580 et 1584 à la gloire d’un amour impossible. Elle ne parut toutefois qu’en 1591, soit cinq ans après la mort de son auteur, Philip Sidney (1554-1586), grand aristocrate anglais, ambassadeur, traducteur, guerrier et l’un des plus grands poètes européens de la Renaissance. Sans renier Pétrarque et Ronsard, ses modèles avoués, Sidney donne ici naissance à une tradition spécifiquement anglaise du sonnet et, par la même occasion, à la plus grande partie de la poésie élisabéthaine. L’hymne à l’amour, à ses joies et à ses douleurs, se double par ailleurs d’un véritable art poétique… que l’autre texte de Sidney publiée dans cette édition, Défense de la poésie (1595), permet d’approfondir. Il s’agit du premier texte critique d’importance publié en Angleterre, qui examine la totalité des formes, de l’histoire, de la place et des fonctions de la poésie, et s’attache en outre à réfuter les principales critiques adressées à la poésie. Sidney se détache radicalement de l’esthétique néo-platonicienne de son époque, qui reposait sur la recherche de la proportion et de l’harmonie, et confie à la poésie la tâche immense de trouver le beau, le bon et le vrai dans les phénomènes naturels et non plus dans l’éther des idées ! De l’art d’avoir du « nerf poétique »…
Astrophil et Stella & Défense de la poésie
de Sir Philip Sidney
L’Or des fous éditeur, 250 pages, 20 €