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Domaine français L’imaginaire en ébullition

avril 2008 | Le Matricule des Anges n°92 | par Richard Blin

Le nouveau roman de François Dominique est une incandescente machine à effets s’avançant sous le masque d’un petit traité de romulpherie.

Peuplé de choses innnommables, tapissé de longs rêves sans yeux, Romulphe ne peut être que l’œuvre d’un rôdeur des limites, de ceux qui savent qu’il y a toujours de l’en deçà et de l’au-delà à l’humain.
Tout commence par un geste revenu de l’enfance, un coup de sonnette donné au hasard, une porte qui s’ouvre, un nom inventé sur-le-champ : Romulphe. Un hasard qui va se transformer en nécessité dès lors qu’il se confirmera qu’un certain Vincent Romulphe, écrivain décédé en 1922, a effectivement vécu dans cet immeuble. Qui était-il donc ? François Dominique, le narrateur, veut savoir. S’ouvre alors un vaste champ d’investigation à l’image de l’espace blanc à saturer du Journal de son enquête.
Un texte qui tourne autour d’un vide, d’un nom, d’une famille, les Romulphe, à laquelle le narrateur semble lié par de mystérieuses coïncidences. Une histoire extraordinaire, qui est rencontre de l’Inquiétante Étrangeté, au cœur du réel le plus ordinaire. Une histoire où l’omission, la substitution, les résurgences sont la loi, où les yeux des vieilles sont des trous de peau sèche, où l’éclaircie « s’annonce avec des gloussements de chatte repue », où vrais indices et fausses pistes se nouent en nœuds d’énigme. Car sous le nom de l’auteur du Traquet de la mort, c’est la figure équivoque du destin, l’écho de l’impensable, l’inénonçable de l’inconcevable qui se cachent et s’incarnent, sur fond de dérive dans l’envers noir du temps, le « temps jamais perdu, mais simplement ouvert comme une gorge égorgée qui serait une coupe pour étancher la soif. Le temps vampire,(…) le temps qui nous précède et nous encule… »
Une « chasse à rien, autour d’un seul nom inventé », un récit qui nous conduit là où la pensée défaille, où rôdent les fantômes du double, où se tutoient le terrible et l’absolu, l’éternel et le pire. Là où le passé s’incorpore au présent, où le perdu revient, « lente remontée de choses défunte : cortège des morts ramenant à eux d’autres morts plus anciens, tueries sans nom qui se font en silence dans les bas-fonds des choses. » Là aussi où la Bibliothèque, la parole poétique, historique, amoureuse se fait source de prodigieux transferts de songes ; là où, du désordre des signes, peut surgir la voix de sirène du monde des limbes et du merveilleux. Un univers où vivre et mourir, beauté et hideur s’échangent comme oublier et se souvenir. Tout un système d’échos et de projections où le nom, l’amour, la mort et les mots, libèrent fantasmes, et hallucinations. Tout ça se mélange, se traverse, s’altère, se contamine, à l’image du sans fond vertigineux de l’amour entre la belle Carina Romulphe et le narrateur. Relations lacunaires et chimériques, tant chez elle l’étrangeté, la beauté et le savoir s’unissent pour déborder l’expérience humaine. Sorte d’Eurydice abandonnée au royaume des ombres, elle règne sur le peuple des « choses », créatures « grises et noires, pleines d’ombres et de recoins, sans peau ni pelage ». Peuple grouillant de quels avortons nés des désirs les plus torturants ? Restes hystérisés de quels interdits ?
Ce qui est sûr, c’est qu’avec Carina les extrêmes se touchent et s’embouchent jusque dans des corps à corps où l’inouï du plaisir coule en offrande, avant de basculer en agonie. « Détachée de moi, arc-boutée sur le dos, elle poursuit seule une interminable course. (…) A genoux sur le lit, jambes ouvertes, le dos cambré à l’infini, vrillant le drap de la pointe du crâne, Carina passe de longues heures entre l’extase et l’agonie, seule, plurielle - exhibée, protégée de tout regard. »
Livre où le désir du narrateur construit le dédale dans lequel il s’enfonce et dont Carina semble la mystérieuse maîtresse. L’histoire inachevable d’un ensorcellement, d’une danse autour d’un point (le ventre ?) pour nous entraîner là où Eros est Thanatos, où le sujet de la mort sitôt disparu, revient. Ainsi Carina dont la mort n’est qu’illusion puisque réapparaissant, à la toute dernière ligne du livre… Une manière de dire que si la morte vit, l’impossible est possible…

Romulphe
Francois
Dominique
Mercure de France
190 pages, 15,50

L’imaginaire en ébullition Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°92 , avril 2008.
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