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Domaine français Vies de Christiane R.

mars 2010 | Le Matricule des Anges n°111 | par Jérôme Goude

À travers la biographie fictive d’une poétesse, servante corvéable et intrépide guerrière, Dominique Pagnier retrace un pan de l’histoire allemande.

Un livre imprimé à une centaine d’exemplaires en 1918, Vie légendaire de Christiane Räntz dite la Diane prussienne, semble être la principale source d’informations (et d’inspiration semi-amusée) du nouveau roman de Dominique Pagnier. Exhumé par le narrateur de La Diane prussienne, cet ouvrage aux forts accents hagiographiques aurait été écrit par un certain Wendelin Hohl, fils d’un imprimeur de Francfort-sur-le-Main, en mémoire de celle qui fut la « secrète enchanteresse de son enfance ». Le signe foudroyant de son salut, voilà, longtemps après, la manière dont Wendelin interprète la première apparition de Christiane Räntz. Quand, enfant malingre et mélancolique, elle entre chez son père en tant que domestique, l’arrachant à une mort promise. Jamais Wendelin, Actéon pubère tentant de dérober un peu de la nudité de sa « vierge mansuette des origines », n’oubliera celle pour qui il ira jusqu’à faire ériger une statue en bronze à canon Krupp : la gigantesque Germania du Niederwald, haut symbole d’une nation vengeresse et triomphante.
Hantée par les échos de la Révolution
Après Mon album Schubert (Gallimard, « L’un et l’autre », 2006), essai entièrement consacré au compositeur autrichien de « La Belle Meunière », maître incontesté du lied, Dominique Pagnier réinvestit, à peu de choses près, la même tranche historique. Mais, cette fois, en changeant de lieux et en usant des artifices de la mystification littéraire. L’une des qualités de La Diane prussienne repose en effet sur ceci que ce texte savant parvient à nous faire croire à l’existence de Christiane Räntz, à véritablement l’incarner. Née à Limbourg-sur-la-Lahn en 1778, l’année de la mort de Voltaire et de Rousseau, fille d’une comédienne et d’un homme de théâtre, l’éducation de Christiane est, suite au décès de sa mère et à l’exil de son père, confiée à un huguenot entiché de « pédagogie suisse et d’illuminisme ». Surnommée « Christ-Diane », notre poétesse en herbe s’éprend de la figure de Jésus après la lecture du Coffret spirituel des chants à la louange de Dieu du pasteur évangélique Philipp Friedrich Hiller, joue du luth et s’adonne à de chastes ablutions dans de l’eau gelée. Plus tard, de Francfort, Gleiwitz, Erfurt, Braunau à Vilnius, Chritiane Räntz cire des bottes, frotte l’argenterie, vide des gibiers ou panse des blessés prussiens, tout en composant des poèmes à la manière d’Hölderlin, voisin dont elle put recueillir quelques fragments d’Hypérion au hasard d’un « vent d’équinoxe » : « (…) Mon seul salaire est mon usure / Et mon seul titre la Recluse. / J’ai relevé mon tablier / Comme un deuil par-dessus ma tête / Et joui la nuit de Mon Seigneur / Offrant ravie, folle à lier, / Afin d’ajouter à ses fêtes, / Le miel fluant de ma douleur. »
Récit d’un itinéraire à la fois intime, politique et esthétique, La Diane prussienne est la traversée symbolique d’une Allemagne hantée par les échos de la Révolution française et les pas de l’armée napoléonienne. Une Allemagne dont Christiane Räntz personnifie toutes les facettes. Amoureuse déçue habitée d’une « intense ferveur ménagère » et guerrière, elle sera d’abord sensible aux attraits de l’« hydre de la conspiration républicaine ». Ensuite, sans vraiment rien comprendre aux « appels belliqueux » qui animent nombre de ses compatriotes, elle se rangera du côté de ceux qui entendent libérer la « Vieille-Prusse » du joug de l’Empire français. C’est alors qu’apparaitra au miroir le reflet de la « reine des Amazones qui, au galop de son char, décoche ses vers iambiques comme des traits enflammés de poix et, par excès d’amour, livre son bel amant à la curée de ses molosses »

La Diane prussienne de Dominique Pagnier
Éditions Champ Vallon, 296 pages, 19

Vies de Christiane R. Par Jérôme Goude
Le Matricule des Anges n°111 , mars 2010.
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