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Domaine français Selon mon cœur

octobre 2011 | Le Matricule des Anges n°127 | par Lucie Clair

En six portraits d’écrivains – et excursions dans leurs œuvres – Arnaud Cathrine donne la mesure de nos héritages littéraires.

Nos vies romancées

Il a fallu les choisir d’abord – ceux qui sont nos « livres de chevet » depuis des années, qui ont présidé à notre initiation, à la formation de notre être, de nos goûts, de notre vision de la vie, les auteurs qui un jour nous ont parlé, compris, aimés, rendu plus forts, plus heureux, plus lucides, et forcément plus courageux, ceux auprès desquels on puise un réconfort – non pas qu’ils aient eu l’intention de nous apporter tout cela, mais simplement par la grâce de la rencontre, par l’intense reconnaissance de l’autre et par l’autre, tout cela advient. Nombre d’écrivains ont un jour eu envie de dire cette dette et la force du lien. Avec Nos vies romancées, Arnaud Cathrine se prête à ce moment de connivence, de délivrance, et de partage en six variations autour de six écrivains (drastiquement sélectionnés) pour dévoiler comment « ces livres me devinaient, ils m’écrivaient et me donnaient droit de cité tout en mettant au jour une part commune ». De l’étincelle d’universel qui niche au cœur de ces œuvres s’allume un feu intérieur « qui a toujours raison du froid glacial », permettant de passer de la lecture de « mes vies romancées » à la communion avec « nos vies romancées ».
Carson McCullers (Frankie Addams), Françoise Sagan (Tout le monde est infidèle), Roland Barthes (Fragments d’un discours amoureux), Fritz Zorn (Mars), Sarah Kane (de Anéantis à 4.48 Psychose), Jean Rhys (Bonjour minuit). Un choix éclectique, qui ne concède rien, mais admet simplement la coïncidence entre un auteur, une période de vie, un épisode, un parcours et adopte un ton personnel, car il n’est pas d’autre approche pour dire la relation – et les relectures viennent confirmer sous des éclairages différents la réalité de la rencontre – chaque livre est un confident, un mentor, un complice – et nous avons tous un ou plusieurs livres dont on peut dire avec Cathrine : « Ces livres prenaient soin de moi. Bien sûr ils me bousculaient, ils étaient crus dans leur exigence de vérité mais ils substituaient au silence, à l’angoisse et à l’isolement non pas la consolation (…) mais la contemplation du vivant. Ni à genoux, ni à moitié mort, ni objet : debout, bel et bien en vie, sujet. »
Frankie Addams, c’est l’adolescente qui transmet l’élan de ne pas se résigner à une vie étriquée, « c’est juste le désir qui persiste et signe en nous ; c’est le meilleur, c’est la vie qui ne lâche pas », Barthes, c’est la garantie – lorsqu’on est par nature dangereusement proche de Werther – d’être amoureux en ayant près de soi le garde-fou d’un « livre total sur l’amour » (qui ne garantit et n’épargne rien, évidemment). Zorn, si peu accessible, atteint par la lecture de la psychanalyste suisse Alice Miller – comme il faut choisir une face pour gravir un pic – et en écho, Dostoïevski, Tchekhov, Schiller, Rimbaud, Mishima, Proust… Chacun des six auteurs est rapporté à son essence, à son tribut, et chacun ramène au jour ses fraternités cachées.
Pour extraire cet « or à trouver », Arnaud Cathrine nous épargne l’exégèse, la critique, l’analyse – c’est à travers l’homme (ou la femme – le choix de Sagan tient plus à la personne qu’elle incarnait qu’à ses textes), certains moments de leur vie, de leurs choix, et les ramifications que la lecture de certains de leurs livres peut travailler en nous, qu’il aborde ce territoire fertile, intense et vital de la littérature vécue par ses lectures. Un chant tiré des affinités électives propres à chacun – qui renvoie les lecteurs de Nos vies romancées à ses propres totems – chant du cœur, transmis pour traduire cette « pulsion de vie, de résistance et qui ne veut pas renoncer à croire qu’il peut y avoir ‘quelque chose’ ». Non pas résolution d’un mystère, mais bien ce qu’est la littérature, « un espace de vérité sans concession ».

Lucie Clair

Nos vies romancées
d’Arnaud Cathrine
Stock, 209 pages, 18,50

Selon mon cœur Par Lucie Clair
Le Matricule des Anges n°127 , octobre 2011.
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