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Histoire littéraire À contretemps

avril 2012 | Le Matricule des Anges n°132 | par Richard Blin

Première livraison du Journal de H.D. Thoreau, observateur exalté du monde naturel et défenseur du cosmopoétisme.

Journal (1837-1840)

Œuvre majeure de la littérature américaine, le Journal d’Henry David Thoreau compte 7000 pages dont seules 200 ont été traduites en français. D’où tout l’intérêt de l’entreprise des éditions Finitude qui prévoient de le publier dans sa totalité, en quinze volumes sur quinze ans. H.D. Thoreau a 20 ans quand, en octobre 1837, il en commence la rédaction sur les conseils de R.W. Emerson, l’auteur de Nature, et le père du Transcendantalisme. L‘un et l’autre vivent à Concord, Massachusetts, où Thoreau est né en 1817, dans une famille tirant ses revenus de la fabrication de crayons. Une région de bois, d’étangs, de rivières et de collines – les premiers replis des montagnes des Appalaches – où il vagabondera beaucoup avec son frère en essayant de retrouver un peu de la vie des Indiens qui vivaient auparavant dans cette région. Il fait ses études à Harvard Collège, en sort diplômé fin août 1937, et prononce, selon le rituel de cette université, un discours dans lequel il s’insurge contre « l’esprit commercial des temps modernes » qui s’exerce au détriment de la terre que ravage l’extraction du minerai ou l’installation des voies ferrées, alors que la nature ne devrait servir qu’à enchanter l’homme et lui offrir des révélations sublimes. Toute sa philosophie est déjà là – et le Journal, son exil dans les bois de Walden (1845-1847) et le récit qu’il en tirera (1854), ne feront que la développer et l’exemplariser.
Il voulait devenir poète mais pour gagner sa vie dut enseigner. S’élevant contre les châtiments corporels, et mis en demeure d’obéir, il choisit six élèves au hasard, les fouetta, et démissionna sur-le-champ. Né David Henry, il inversa dans la foulée ses prénoms et se fit appeler Henry David Thoreau. Tel est celui qui, le 22 octobre 1837, entame son Journal. Un journal dont il retranscrira le début en l’écourtant, ce qui nous vaut pour les deux premières années, une sorte de carnet de notes, fait de citations, d’entrées titrées (Lever de soleil, La vérité, La culture de soi, les fleuves…), d’ébauches d’essais (Société, Bruit et silence, Le courage) et de nombreux poèmes, comme Mes bottes  : « Avec un silencieux courage elles lamperont bientôt / D’une soif instinctive le nectar de la rosée, / Ou baigneront leurs poumons de cuir là où se cachent les canneberges, / Au jus plus doux que les vins de Chios, de Lesbos ou de Falerne… »
Ensuite le contenu devient plus conforme à ce qu’on peut attendre d’un journal. Thoreau y note ses observations, y évoque sa façon d’entrer en intelligence avec la nature. Car c’est depuis la nature qu’il écrit et non sur la nature. Une adhésion au réel qui passe par le fait de voir, d’entendre, de goûter, de sentir et de ressentir. Face aux huttes de boue et d’herbe qu’élèvent le long d’un fleuve les rats musqués, il dit être aussi ému que lorsque ses lectures « évoquent les pyramides ou les tumulus d’Asie ». Sorte de Robinson égaré au pays des pionniers, Thoreau rêve d’une société utopique. « Nous voudrions de bons paysans plutôt que de grands héros, le soleil brillerait le long de la route pour quelque chose, si nous voulions bien désapprendre notre sagesse et pratiquer désormais une vérité illettrée. » Plus loin, il se demande très sérieusement : « Pourquoi travailler toute la semaine à la sueur de son front pour se reposer le dimanche ? » Car pour lui, travailler un jour par semaine devrait suffire pour subvenir aux besoins simplement nécessaires. Ce côté extravagant du personnage, on le retrouve au fil d’autres réflexions : « Je reste interdit en voyant à quel point je me sens réellement si peu concerné par les choses que je consigne dans mon journal. »  ; « Rien ne s’est jamais montré aussi insolite et surprenant pour moi que mes propres pensées. » Un Journal prônant la vie lente et l’être-là absolu – « Un sapin ou deux avec une volute de brume dans le ciel, et notre Elysée est fait » – dont on a déjà envie de lire la suite.

Richard Blin

Journal (1837-1840) de H.D Thoreau
Traduit de l’américain
Annoté et présenté par Thierry Gillybœuf
Finitude, 256 pages, 22

À contretemps Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°132 , avril 2012.
LMDA papier n°132
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