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Dossier Emmanuel Bove
Coup de grâce

juillet 2013 | Le Matricule des Anges n°145

De tous les livres de Bove, celui que je trouve le plus remarquable est Mes amis. C’est à la fois un roman de l’entre-deux-guerres, marqué par la dissolution du sens de la vie qui suivit la catastrophique guerre de 14-18, responsable de l’effondrement de la Vieille Europe, et un roman précurseur de l’existentialisme qui naîtra de la Seconde Guerre mondiale.
Comme toute sa génération, – celle de la guerre de 14, la première guerre moderne (au sens guerre de masse, industrielle) –, Bove a vu des êtres humains réduits à des rouages, des objets, des bouts de chair. Il a fait l’expérience d’un type de solitude contemporaine plus solitaire que toutes les solitudes expérimentées jusqu’alors.
Ce qui est marquant, dans Mes amis, c’est le personnage central : Bâton est un impécunieux qui nous dévoile peu à peu, avec une insistance minutieuse et circonstanciée (cette minutie qu’on retrouvera plus tard chez un Peter Handke), la misère de son existence. Bâton veut vivre et prétend qu’il n’a pas l’intention de se suicider, mais de susciter la compassion, c’est cela qui lui plaît. Bâton affirme aussi que dès qu’un passant s’approche de lui, il se cache le visage entre les mains et renifle comme s’il venait de pleurer. Il nous rappelle le personnage du tableau de Munch, Le Cri. Et dans le même genre, le héros de La Faim, le roman de Knut Hamsun. C’est en effet ce roman qui a initié un nouveau courant de la littérature européenne, un courant venu nous dire que le modèle canonique du « grand homme » était le contraire de la poésie et de l’irréductible individualité de l’unique, le contraire de la poésie de l’existence unique, éphémère et singulière, qui n’a pas besoin d’être écrite mais seulement et surtout d’être vécue.
Ce que je garde le plus en mémoire, de Mes amis, c’est la découverte que ce que racontait en réalité le récit de Bove concernait les « temps morts » de l’histoire, et que du coup l’élément dramatique se logeait dans cette intimité-là, et non dans le déroulement de l’action ; il y avait bien une action, mais qui ne faisait qu’accompagner le solitaire à l’existence éphémère et singulière qui se cache le visage entre les mains. S’il le cache, c’est parce que l’histoire, celle que l’on respire au fond de ce livre de Bove, est celle d’une Europe qui se dissimule sous les décombres du passé qui s’est effondré sur elle, et qui non seulement n’envisage pas de processus de reconstruction, mais qui attend le coup de grâce.
« Mon propre prénom, dans ma bouche, me produit toujours une sensation d’étrangeté. », dit Bâton. En cela il préfigure Beckett.
La fortune de certains auteurs est étonnante. Il est arrivé à Bove la même chose qu’à Marcel Schwob : ce sont deux écrivains qui ont changé l’histoire de la littérature contemporaine, mais qui sont méconnus, dont l’on parle à peine ; bien plus grande est la renommée de leurs successeurs, qui surent retenir avec génie leurs leçons.

Enrique Vila-Matas

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