En janvier 1951, se remémorant sa Drôle de guerre durant laquelle ses cothurnes le tenait pour un « philosophe », Raymond Queneau entreprend pour Les Temps modernes, la sérieuse revue de Sartre, d’analyser l’espace qui sépare le philosophe du voyou dans la première partie d’un article qui ne sera jamais terminé. Qu’à cela ne tienne, la première moitié est formidable dans le genre pince-sans-rire. À partir de la scène de Diogène se « manualisant » en public, Queneau organise une couronne de bons mots et d’astuces savantes où trônent Heidegger le nazi, Kierkegaard, le duo Chateaubriand et Vidocq, l’un réinventant le christianisme pour Napoléon, l’autre imaginant la police moderne, Balzac enfin, ce « gros globule réel bourgeois prophétique ». Alors, qui sont les voyous ? Pour le savoir, il va falloir vous dérider la poire.
E. D.
Philosophes et Voyous
Raymond Queneau
Sillage, 48 pages, 5 €
Histoire littéraire Philosophes et Voyous
mai 2014 | Le Matricule des Anges n°153
| par
Éric Dussert
Un livre
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°153
, mai 2014.