On connaît l’Uruguayen Horacio Quiroga (1878-1937) pour ses nouvelles fantastiques, genre si prégnant dans les lettres du Rio de la Plata et qu’il a presque inauguré. Ses Contes d’amour, de folie et de mort ont créé une dynamique de l’étrange et de l’inquiétant qui a fait école. On connaît également sa vie, où les malheurs n’ont cessé de s’enchaîner jusqu’à son propre suicide au cyanure. Mais avant cela, en 1900, année de l’Exposition universelle, il y a l’indispensable voyage à Paris, dont doit alors s’acquitter tout intellectuel latino-américain digne de ce nom. De ce voyage, reste un journal, l’occasion pour le lecteur de se plonger dans une double intimité. Celle, bien sûr d’un jeune homme de 20 ans en terres étrangères, mais aussi voire surtout celle d’un écrivain en formation, dont l’œuvre reste à écrire. Un texte mineur mais un document d’intérêt.
« Paris est une bien belle chose », « pleine de lumière », certaines de ces choses « éblouissantes », lit-on le 25 avril 1900. Pourtant, après l’ennui du voyage en bateau et malgré les grands boulevards et sa foule bigarrée, le Jardin des plantes, l’exposition, les compatriotes qu’il côtoie sur place, le séjour est une déception. Les problèmes d’argent le tenaillent. Le 4 juin, il confie : « Mon séjour à Paris a été une série de catastrophes inattendues, une implacable restriction de tout ce à quoi on aspire ».
Guillaume Contré
Journal de voyage à Paris, de Horacio Quiroga, préface
et traduction de François Géal, PUL, 150 p., 16 €
Domaine étranger Voyage sans agrément
septembre 2016 | Le Matricule des Anges n°176
| par
Guillaume Contré
Un livre
Voyage sans agrément
Par
Guillaume Contré
Le Matricule des Anges n°176
, septembre 2016.