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Domaine français L’homme-machine

juillet 2017 | Le Matricule des Anges n°185 | par Anthony Dufraisse

Écrites il y a plus de quarante ans mais oubliées dans un tiroir par leur auteur, ces « histoires d’usine » trouvent finalement leur place dans une collection baptisée « Parler debout », qui se veut « édifiante », selon le terme de l’éditeur. Édifiants, ces textes largement autobiographiques le sont. Né en 1942, longtemps ouvrier ajusteur dans l’aéronautique puis ailleurs, Yves Le Manach parle en effet en connaissance de cause. D’expérience il sait, pour l’avoir ressenti au plus profond de sa chair, que le travail en usine est toxique. À force de répétitivité sous l’œil du chronomètre et du contremaître, les hommes y deviennent des « êtres rabotés par les exigences des machines ». « Je ne suis qu’un complément vulgaire de cette machine qui m’a annexé. Je ne suis que son prolongement humain et servile », déplore, usé, consumé, le narrateur d’un des nombreux textes qui compose cet ensemble acide et kafkaïen. À l’intérieur des ateliers mais aussi à l’extérieur, puisque l’usine imprègne toute la psychologie de l’homme jusqu’à le conditionner dans sa vie privée, et même dans ses besoins primaires, il est à peu près toujours question d’une aliénation apparemment indépassable. La vision est sombre d’un homme ayant intériorisé sa servitude. C’est que Le Manach observe, constate, dénonce la lente décérébration des uns, la silencieuse deshumanisation des autres, celle-ci bien plus forte qu’une fraternité de classe douteuse. « Producteurs sans humanité, les travailleurs sont les consommateurs de l’inhumanité », fulmine-t-il à un moment, renvoyant dos à dos collectivisme et libéralisme. Des années 70 à aujourd’hui, au fond, est-ce si différent ? Comme l’usine hier, notre société connectée ne produit-elle pas des spectres ? Pour être plus raffinées et ludiques, nos servitudes contemporaines n’en sont pas moins aliénantes.
Anthony Dufraisse

Je suis une usine, d’Yves Le Manach
Lunatique, « Parler debout », 217 pages, 20

L’homme-machine Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°185 , juillet 2017.
LMDA papier n°185
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