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Théâtre À fleur de mots

octobre 2019 | Le Matricule des Anges n°207 | par Laurence Cazaux

FAKE est une pièce-partition de Claudine Galea autour des jeux de l’amour, de l’amitié et des réseaux sociaux.

FAKE est une pièce pour deux personnages, LAM comme L’AMoureuse et M.A comme meilleure amie (ça se prononce éma), plus une voix, la voix du garçon. FAKE met en jeu deux espaces sur scène, la chambre de LAM, en désordre avec des vêtements et du maquillage qui traînent et la chambre de M.A très bien rangée au contraire, avec la présence de livres et de photographies. Plus un espace de projection important pour nous plonger au cœur des réseaux sociaux. Une partie du texte est projetée sur les murs, dans la chambre de chaque fille ou dans les deux. Pour évoquer les échanges écrits via les réseaux sociaux, ou encore les monologues intérieurs. Tous ces textes projetés peuvent être dits par les comédiennes.
LAM et M.A sont les meilleures amies. La première fait tourner la tête aux garçons. La seconde aime la musique, les livres. Les disputes sont arrivées au moment où LAM s’est intéressée aux garçons. « La valse des hésitations. Le jeu de plaire. Les séductions. Les chichiteries. Les glousseries. Les coucheries. » Très peu pour M.A qui reproche souvent à LAM « de faire la fille ».
Et puis LAM rencontre sur les réseaux sociaux un garçon. Il joue de la musique. Il est anglais. Il lui écrit des mots qui l’enflamment. Elle a besoin d’en parler sans cesse à M.A. L’histoire va alors s’emballer.
De par le titre de la pièce, nous savons d’emblée qu’il y a mensonge. Et donc, nous nous lançons à la recherche de ce qui cloche. Comme un enquêteur. Dès la première séquence, les hésitations du garçon pour donner le nom de son groupe de musique ou celui de son père paraissent louches. Impressions qui se confirment par petites touches, quand on apprend qu’il ne veut pas de skype, pas d’image, qu’il préfère les écrits et reporte le moment de la rencontre.
La pièce est écrite en trois parties. Une première partie expose la situation. Une deuxième où le lecteur est mis dans la position de savoir ce que LAM ignore encore, qu’elle commence à soupçonner : « des fois il est bizarre ce mec. Comme s’il se cachait. », tout en refusant d’aller au bout de ses doutes. Puis une troisième partie, très courte, où LAM découvre la vérité.
La musique tient une place très importante dans cette pièce. Beaucoup de chanteurs et de chansons sont cités par Claudine Galea comme pour nourrir cette histoire. Il y a une grande part d’invention formelle dans l’écriture. Qui se décline comme une partition très inventive, d’une grande musicalité. Ainsi Claudine Galea nous indique au détour d’une didascalie : « Parfois les filles se parlent, parfois l’adresse est intérieure, parfois c’est ambigu. (…) Les temps aussi se superposent, présent et passé. » Dans certaines séquences, un personnage parle dans l’ordre ou le désordre de son monologue pendant que l’autre laisse échapper des bribes de musique de son casque. Ou encore des monologues se répondent d’une chambre à l’autre. Très peu de scènes sont véritablement dialoguées. Sur les 23 séquences, les deux amies sont seulement cinq fois physiquement ensemble. La plupart du temps elles sont chacune dans leur chambre, à leur ordinateur, leur tablette ou leur téléphone portable. Face à leur solitude, leur isolement, leur enfermement. Le dehors n’existe plus. La réalité virtuelle prend tout l’espace. C’est une pièce à fleur de mots. Ceux qu’on écrit, qu’on efface, qu’on crie, qu’on chante, qui se fracassent… « Tu écris et tu as le vertige. Tout ce que tu peux faire quand tu écris. (…) L’histoire est tout quand tu écris. (…) Tu ne peux pas t’arrêter. Tu dois aller au bout de l’histoire. Tu ne peux pas t’arrêter d’écrire maintenant. Si tu arrêtes d’écrire tu. Tu quoi si tu arrêtes d’écrire ? Tu es plus rien si tu arrêtes d’écrire. Tu disparais si tu arrêtes d’écrire. Tu ne sais plus maintenant. Tu es allée trop loin maintenant. » Une très belle partition pour deux comédiennes.

Laurence Cazaux

FAKE, de Claudine Galea
Éditions Espaces 34, 84 pages, 14

À fleur de mots Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°207 , octobre 2019.
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