La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine étranger La Ligne de nage, de Julie Otsuka

septembre 2022 | Le Matricule des Anges n°236 | par Anthony Dufraisse

Deux livres en un : c’est l’impression, étonnante mais pas déplaisante, que nous laisse la lecture de La Ligne de nage, troisième roman de l’Américaine d’origine japonaise Julie Otsuka, après les très remarqués Quand l’empereur était un dieu et surtout Certaines n’avaient jamais vu la mer qui a décroché le Femina étranger en 2012. Il y a en effet deux temps dans ce livre qui se déroule outre-Atlantique : celui qui nous plonge dans l’univers ouaté d’une piscine en sous-sol et celui qui se focalise sur la vie de la retraitée Alice, l’une des nageuses habituée à faire des « allers-retours au fond d’une boîte en béton géante » et gagnée progressivement par la démence. S’il y a un écho évident entre les deux parties, on a cependant le sentiment qu’elles sont comme séparées. Si la première moitié du roman restitue avec humour (Otsuka rivaliserait presque avec notre Philippe Jaenada national pour l’usage malicieux des parenthèses !) les us et coutumes des nageurs pathologiques qui se jettent régulièrement à l’eau dans ce royaume souterrain, la seconde moitié nous semble autrement plus forte et profonde. Autant il y a de la légèreté, à la limite parfois de la bouffonnerie, dans la première partie, autant la seconde se fait grave à travers la voix de la fille d’Alice qui nous raconte sa mère nippo-américaine, leurs souvenirs communs ou non d’avant la maladie, leur relation distendue. « De temps à autre, l’éclat de son vieux moi réapparaît. “Tu aimais avoir des frères ?” te demande-t-elle un jour (tu réponds que tu adorais ça). Ensuite, pendant les cinq mois suivants, plus un mot. »
Dans ce roman sur la fêlure des êtres et des choses, Julie Otsuka déploie un sens aigu de l’observation et fait montre, ô combien, de solides qualités de portraitiste. Au fond, deux couleurs teintent successivement ce roman : le bleu de l’eau de la piscine puis le jaune des post-it partout collés dans la maison d’Alice, comme autant de fragments d’une mémoire qui lentement se lézarde.

Anthony Dufraisse

La Ligne de nage
Julie Otsuka
Traduit de l’anglais par Carine
Chichereau, Gallimard, 166 pages, 19

La Ligne de nage, de Julie Otsuka Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°236 , septembre 2022.
LMDA PDF n°236
4,00