Ce qui se présentait comme une situation compliquée s’est en fait avéré d’une simplicité enfantine. » Ce propos que tient le héros à propos d’une de ses relations amoureuses vaut aussi pour l’intrigue de La Foudre : Pierric Bailly nous entraîne dans une histoire mouvementée avec beaucoup de sérieux et de légèreté.
Votre nouveau roman est un livre plein de rebondissements, un thriller dont on peut dire sans trahir l’intrigue qu’il commence par un coup de planche et finit par un coup de foudre. Le désir de l’écrire est-il né d’une de ces scènes très visuelles et dramatiques ?
Au départ, il y a le personnage d’Alexandre, et donc l’idée d’un ancien camarade du lycée qui ressurgit. Il y a une petite dizaine d’années, je suis revenu vivre dans le Jura, où je suis né et j’ai grandi, et ce retour a été l’occasion de retrouvailles avec des amis d’enfance et d’adolescence. J’écris à partir de souvenirs, de personnes et d’histoires, de situations parfois anecdotiques, qui m’accompagnent, qui me hantent. Je me souviens de mes camarades de classe, je me demande ce qu’ils sont devenus, et j’en retire presque une forme de honte, car je me dis qu’eux m’ont totalement oublié. À l’origine de ce livre, il y a aussi le lieu où se déroule l’intrigue, les Monts Jura, d’où l’on surplombe Genève et le lac Léman et d’où l’on fait face aux Alpes et au mont Blanc. C’est un endroit que je fréquente depuis l’enfance mais sur lequel je me retenais d’écrire, comme s’il y avait là-bas quelque chose de trop grand ou de trop impressionnant pour moi. L’autorisation est venue du fait de créer un narrateur qui travaille dans cette montagne. Il aurait pu être garde de la réserve naturelle, responsable d’un refuge ; j’ai finalement décidé qu’il serait berger.
Julien-John, le héros et narrateur, a une propension à se retrouver dans des situations improbables, qu’il s’agisse de scier du bois sur une scène de crime ou d’être à La Réunion tout en rêvant du Jura. Comment voy(i)ez-vous ce personnage ?
C’est un personnage qui a un goût prononcé pour la solitude, d’où mon choix d’en faire un berger. Il a grandi avec la figure tutélaire de son grand-père, un personnage charismatique et un peu bourru, dans cette nature sauvage. Mais dès l’enfance, il dévoile une sensibilité à part, il se décrit comme un gamin romantique, amoureux, et au lycée, il va se rapprocher d’un groupe de filles. Il a cependant un rapport contrarié au collectif, mis en exergue par l’arrivée d’Alexandre, beaucoup plus à l’aise et brillant en société. L’irruption de Nadia, des années plus tard, provoque une secousse du même ordre. Pour vivre cette histoire d’amour, il doit s’ouvrir au monde et sortir de son isolement, et il le fait sans calcul, il n’est pas stratège, il se jette à corps perdu dans cette relation.
Pouvez-vous nous parler la construction et du rythme de votre roman ? L’intrigue est à la fois simple et complexe, et vous avez une manière étonnante de...
Entretiens Les affinités électriques
septembre 2023 | Le Matricule des Anges n°246
| par
Chloé Brendlé
Pour son septième récit, Pierric Bailly, romancier des embardées existentielles et des destins contraires, mêle amour, crime, et orages.
Un livre