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Domaine étranger Beloved, de Toni Morrison

janvier 2024 | Le Matricule des Anges n°249 | par Etienne Leterrier-Grimal

Trente-cinq ans que Beloved, chef-d’œuvre de Toni Morrison, prix Pulitzer en 1988, adapté au cinéma en 1998, attendait sa retraduction. Pionnières, à quatre mains, dans une traduction déjà plus qu’honorable, Hortense Chabrier et Sylviane Rué avaient laissé des oublis et quelques explicitations malencontreuses, dès le célèbre incipit : « 124 was spiteful. Full of a baby’s venom / Le 124 était habité de malveillance. Imprégné de la malédiction d’un bébé ». Mais surtout, il fallait sûrement retraduire Beloved après « Black Lives Matter ». Sans céder à la tendance post-Amanda Gorman qui aurait pu voir une traductrice « minorisée » retraduire ce phare de la littérature afro-américaine, c’est à Jakuta Alikavazovic, traductrice universitaire et romancière, que Bourgois confie cette mission. Dans la postface, l’écrivaine s’attarde peu sur les enjeux de ce choix, intimidée peut-être par le poids d’un texte-monument désigné comme « roman parfait » et face auquel sa position traductive se définit autant par la prudence (« la retraduction, nécessité objective de l’époque, ré-adresse un texte à ses lecteurs ») que par la modestie : « pourquoi faudrait-il faire connaître son arrivée dans un texte par la violence ? »
Sans « violence » donc, et dans une grande écoute de l’original, cette retraduction fait souvent retrouver l’incarnation du roman : « Le 124 était malveillant. Gorgé du venin d’un bébé ». On interrogera forcément certains choix (« une chose brûlante » dans le monologue), comme la prudence face à l’oralité piégeuse de nombre de passages, mais le travail d’Alikavazovic s’attache surtout à restituer la polyphonie des parlers dont le roman se tisse : celui des esclaves, de la jeune Blanche vagabonde Amy, parler « affranchi » d’un Stamp Paid, ou sermons politico-religieux de la vieille Baby Suggs. Autant de voix qui, dans une œuvre de conteuse définissant sa littérature comme « aurale » (à écouter comme à lire), se font entendre de façon renouvelée.

Etienne Leterrier-Grimal

Beloved
Toni Morrison
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jakuta Alikavazovic
Christian Bourgois, 448 pages, 25

Beloved, de Toni Morrison Par Etienne Leterrier-Grimal
Le Matricule des Anges n°249 , janvier 2024.
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