Le Voleur de Nostalgie d’Hervé Le Tellier se déguste. Aux plaisirs des sens, il associe ceux de l’intelligence.
Un chroniqueur publie chaque semaine une recette de pâtes italiennes. Il signe d’un pseudonyme à la couleur locale : Giovanni d’Arrezo.
Un homonyme lui écrit d’Italie. Notre homme de goût tente de lui répondre et, après recherche, envoie une même lettre aux trois Giovanni d’Arrezo répertoriés par le Bottin à Florence.
C’est le début d’une correspondance croisée et mystérieuse à laquelle se mêle le carnet de bord de l’écrivain. On connaît donc ses pensées, en ignorant tout de ses interlocuteurs. On en paiera les conséquences. Une intrique se met ainsi en place mêlant, avec beaucoup de lucidité et d’astuce, la peinture, l’alchimie, l’histoire et la cuisine italienne. Et comme un plat n’est excellent que s’il est cuisiné par un amoureux des mets, le menu que nous sert Hervé Le Tellier ne déparerait pas les meilleures tables. Le bonhomme sait si bien nous faire sentir, voir, entendre et goûter cette Italie qu’il vénère, qu’on ne souhaite d’autres voyages à Florence que celui qu’il nous offre avec ce roman. Désormais, la réalité de la ville nous décevra ;
Hervé Le Tellier s’est amusé avec cette intrigue dont on ne peut dévoiler les ressorts sous peine de tuer la drôle de surprise qui attend la lecteur arrivé au bout du voyage. Livre d’un érudit, Le Voleur de Nostalgie est aussi le roman d’un épicurien.
Le Voleur de Nostalgie
Hervé Le Tellier
Seghers
220 pages, 120 FF
Domaine français Les bonnes recettes d’Hervé Le Tellier
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°2
| par
Thierry Guichard
Un livre
Les bonnes recettes d’Hervé Le Tellier
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°2
, novembre 1992.