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Zoom Louis Monier : l’oeil des Lettres

janvier 1993 | Le Matricule des Anges n°3

En presque 25 ans de carrière, le photographe Louis Monier a réalisé environ un million de clichés sur les écrivains contemporains. Histoire d’une passion.

On pourrait presque, pour accéder à l’agence de photos de Louis Monier, se fier au nez, tant est prégnante l’odeur du révélateur. Dès la porte franchie, le visiteur encore ignorant de la spécialité du maître des lieux est rapidement avisé que le dada du sieur Monier, c’est la littérature… Quelques portraits d’écrivains, punaisés sur le mur, sont là pour l’attester.
Depuis près de 25 ans qu’il fait des photos d’écrivains, Louis Monier a accumulé presqu’un million de négatifs (impossible de vérifier), classés consciencieusement dans chacune des trois principales pièces de l’agence. Une agence qui, d’ailleurs, ressemble fort à un appartement d’artistes (décor, photos, bibelots, cafetière et four à micro-ondes…). Les quatre pièces que compte l’agence ne renferment, au bout du compte, que quatre agrandisseurs, « nous voulons rester des artisans ».
Les trois quarts des négatifs sont des Noir et Blanc, « ça ne se démode pas, ça vieillit bien, ce qui n’est pas toujours le cas de la couleur ». Malgré cela, exigence des magazines grand public, le photographe double toujours un reportage en Noir et Blanc avec une pellicule couleur. Louis Monier est un homme toujours curieux de son interlocuteur, scrutateur de visages, explorateur des expressions corporelles. La première chose qu’il présente c’est, dans la vieille bibliothèque familiale, la thèse, reliée cuir, du grand-père, thèse en latin d’un docteur en droit… La passion de Louis Monier est toute résumée dans cette volonté. Issu d’une famille où l’on aime les livres, la littérature, l’histoire, fils d’un passionné de photographies disparu alors qu’il avait 14 ans, c’est dès l’école que le jeune Louis « schoote », en cachette, ses professeurs…
Son premier « coup », il le réalise alors qu’il est étudiant à l’école de journalisme de la rue de Rennes lorsqu’il croise Romain Gary, boulevard du Montparnasse. Aussitôt il l’aborde en bluffant quelque peu : « Je suis journaliste. Je voudrais faire un reportage sur vous pour mon journal ». Romain Gary accepte, et le lendemain, Louis Monier réalise quelques clichés du double Goncourt, un exemplaire des Nouvelles littéraires à la main, car la revue venait d’égratigner considérablement l’écrivain.
Le tirage effectué, Louis Monier se présente, photo en main, à la rédaction des Nouvelles… qui accepte les clichés et en commandent d’autres. La carrière de Louis Monier venait de commencer.
Louis Monier se souvient des commandes qui permirent à l’amateur qu’il était de franchir le pas. « Quand le dictionnaire Robert a besoin, par exemple de photos d’écrivains et qu’il vous passe commande de quatre cents clichés, c’est vrai que c’est une chance fabuleuse. ».
Louis Monier fut longtemps le photographe attitré de l’émission de Bernard Pivot, Apostrophes. Aujourd’hui, il est connu de tous les services de presse des maisons d’éditions, des journalistes spécialisés et de bon nombre d’écrivains. Avec son Hasselblad et son Leica, Louis Monier photographie d’abord les écrivains dont il a envie de faire le portrait. « Ce qui m’intéresse, c’est de montrer un « cerveau ». Un type qui passe sa vie à défendre une passion, j’ai tout de suite envie de le photographier ». Dumézil, pour son humour et Calaferte pour son très fort caractère et son talent de polémiste, restent parmi ses meilleurs souvenirs. Louis Monier se souvient aussi de sa rencontre avec Robert Pinget, de ce moment où, tout naturellement, l’écrivain s’est mis à jouer du violoncelle. Louis Monier affirme que c’est pour ça qu’il a envie de faire ce métier, pour ces rencontres, ces amitiés. On ne peut que le croire.
Il dit se moquer de savoir si son sujet est l’auteur de best-sellers ou de recueils confidentiels. Quoiqu’il en soit, pas de photos raccoleuses dans les archives de l’agence, « un portrait très simple témoigne de la profondeur du psychisme d’un écrivain, ce n’est pas en le faisant jouer du tambour que vous montrez quelque chose du romancier ». Ses photos sont donc d’un grand classicisme, mais lorsque c’est le visage chaviré d’un Brautigan à la dérive qui se trouve devant l’objectif, le photographe parvient à saisir cette détresse que bon nombre de lecteurs avaient occultée.
Aujourd’hui Louis Monier prépare un livre de paysages, mais son ouvrage, Visages de la Littérature est toujours disponible aux éditions du Cherche-midi. Les particuliers, qui ne peuvent pas acheter les photos de l’agence, se consoleront avec ce livre.

Louis Monier : l’oeil des Lettres
Le Matricule des Anges n°3 , janvier 1993.