Un livre

Puerto Escondido

de Pino Cacucci

Editions 10/18

Je n’ai pas encore trouvé ce que je cherche", ainsi se termine Puerto Escondido, roman qu’il est difficile de définir, entre polar existentiel, aventure et quête métaphysique. Le narrateur que l’on ne peut vraiment qualifier de héros, n’est jamais nommé. Il louvoie dans une conjonction de hasards, de coïncidences et de destin, paramètres impossibles à quantifier, sans jamais laisser de traces réellement. Transparent autant que faire se peut, la vie n’est pour lui que du temps qui s’écoule. D’Italie au Mexique, en passant par l’Espagne, notre personnage sans passé fuit un commissaire étrange qui a jeté son dévolu sur lui. Mais même lorsque la poursuite a cessé, rien ne change vraiment, toujours dans la marge, il évolue dans les bas-fonds et circuits parallèles, se retrouvant au cœur d’actions illicites, perpétuellement dangereuses pour sa vie ce dont il ne semble avoir cure. Plus que désespéré, cet homme semble indifférent, comme s’il avait compris une fois pour toute que rien n’a de sens et que donc, il est inutile de se rebeller contre le vent qui souffle, contre le soleil qui écrase. Peut-être, assiste-t-on à un lent éveil à l’existence, par l’intermédiaire de rencontres hasardeuses, de Aivly, la femme fatale, à Elio, aventurier du bout du monde, peut-être qu’à défaut de n’attendre rien, il se met à avoir envie du jour à venir, comme source éventuelle d’émotions, peut-être effectivement au bout de ce tourbillon d’aventures, ne trouve-t-il pas ce qu’il cherche mais au moins se met-il à chercher ? A aucun moment, tout cela n’est formulé, juste un non-dit sourd qui colore cette fuite éperdue et pleine de rebondissements d’un clair-obscur irisant à la surface de l’action. Sans aucun passé, notre homme se met en condition d’avoir un avenir, cette étape à Puerto Escondido lui servant de lieu de naissance.

Puerto Escondido
Pino Cacucci
traduit de l’italien
par Benio Merlino
Christian Bourgois
463 pages, 160 FF