Avec Le Phare des égarés, Philippe Lacoche poursuit la publication en recueil de certaines de ses nouvelles parues dans la presse régionale picarde. L’auteur de Cité Roosevelt a su trouver une voie originale à l’écart des sentiers battus du récit de souvenirs d’enfance nostalgiques ou du parcours balisé de la dissection anatomique d’un milieu social typé. C’est même à contre-courant du modèle actuel « moi, ma famille, mes malheurs » qu’il nous présente des personnages issus de son univers social d’autrefois. Ainsi nous faisons connaissance de ces êtres ordinaires et palpables que sont Paulo, Le Légionnaire et bien d’autres. Rapidement on est persuadé d’avoir nous aussi un jour côtoyé Pimpin ou la famille Van Halen, de connaître des lieux comme Tergnier et La Patte d’Oie comme notre poche et d’entendre par la fenêtre les cris des enfants de la cité Roosevelt.
En fait, même si les souvenirs si précis de l’écrivain ne concernent que lui, le regard qui l’anime est aussi le nôtre. Il est celui qu’enfant nous portions sur ce monde démesuré et mystérieux qui palpitait en dehors de la maison familiale, celui lié à l’époque où la moindre anecdote était aventure et le moindre incident catastrophe. Libérées des chutes pesantes et maladroites qui alourdissaient les textes du précédent recueil, ces nouvelles-ci s’envolent légères vers des cieux où la fatalité épouse la liberté. Le lecteur pardonnera le manque de naturel des dialogues tant l’ensemble est fluide et respire cette simplicité qui rime avec félicité mais en rien avec facilité. Philippe Lacoche a le précieux pouvoir d’éclairer d’émotions si vraies les lambeaux de notre enfance.
Le Phare des égarés
Philippe Lacoche
La Bartavelle
117 pages, 80 FF
Domaine français La cité fantôme
décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°10
| par
Christine Koziura
Un livre
La cité fantôme
Par
Christine Koziura
Le Matricule des Anges n°10
, décembre 1994.