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Dossier Agota Kristof
L’Epidémie

novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14

On connaît les romans d’Agota Kristof. On connaît mal ses pièces de théâtre. En France, seules ont été adaptées et publiées L’Epidémie et Un Rat qui passe, créées par la Comédie de Caen en 1993 et mises en scène par Michel Raskine. Les deux pièces ont été éditées par Amiot-Lenganey. L’ouvrage est aujourd’hui épuisé. Voici un extrait de la première scène de L’Epidémie.

SCENE 1

DOCTEUR ; SAUVEUR ; SAUVEE

La scène représente un cabinet médical plutôt négligé. Docteur est assis à son bureau. C’est une femme. Elle a la cinquantaine, mal portée. Une bouteille de vin rouge est posée devant elle.

DOCTEUR.- Des nuages. Rien que des nuages. Pas de coucher de soleil à la noix, orangé et tout. Je déteste les beautés de la nature ! Ce que j’aime, c’est le temps dégueulasse. Pluie, brouillard, vent, boue, la merde, quoi. (Elle se verse à boire, elle boit.) A ma santé ! Je déteste la santé. Le vin c’est très mauvais pour la santé. La fumée aussi. (Elle allume une cigarette.) Ce que ça peut être long… Pas de clients. Personne. Pas de malades. Rien que des morts. C’est quoi les malades, d’abord ? Des emmerdeurs. Les gens, il faut qu’ils soient en bonne santé, ou bien qu’ils crèvent. Les soigner ? Les guérir ? Pour quoi faire ? Il y en a trop. (Elle boit.) La médecine, laissez-moi rire ! C’est juste bon pour soigner des angines. Mais ça peut se guérir tout seul, les angines. (Elle boit.) Quel silence. Je me demande s’il va neiger… Je me demande pourquoi je me demande ça. Qu’il neige, ou qu’il neige pas… Je me demande d’ailleurs, pourquoi je me demande encore quoi que ce soit. (On frappe à la porte.) Va te faire soigner ailleurs ! ça ne me regarde pas. Vos angines ne me regardent pas. ça se guérit tout seul. (On frappe encore plus fort.) Prenez de l’aspirine ! C’est un remède souverain. C’est bon pour tout. Quand ça n’agit pas, rien n’y fait. (On frappe encore plus fort.) Bon, ça va, je peux vous injecter des antibiotiques. C’est bon, ça aussi, les antibiotiques. ça détruit les microbes, les virus, les bacilles, ça détruit tout. Par voie buccale, à coup de piqûres dans les fesses, par voie intraveineuse…
La porte s’ouvre avec fracas. Sauveur entre, portant dans ses bras une jeune fille qu’il pose délicatement sur un divan médical. Il s’éponge le front.

DOCTEUR.- C’est quoi ça ?
SAUVEUR.- C’est une fille, une belle jeune fille que j’ai trouvée pendue dans la forêt.
DOCTEUR.- C’est tout ce que vous avez trouvé ?
SAUVEUR.- Comment, c’est tout ? Je ne cherchais pas des champignons.
DOCTEUR.- Vous cherchiez quoi ?
SAUVEUR.- Un arbre, pour uriner, voilà ce que je cherchais.
DOCTEUR.- Un arbre, ce n’est pas très difficile à trouver, dans une forêt.
SAUVEUR.- Non, ce n’est pas… Mais, sapristi ! On cause…
DOCTEUR.- Sapristi ! Vous avez dit sapristi ?
SAUVEUR.- Oui. Mais qu’est-ce qui vous arrive ?
DOCTEUR.- J’adore sapristi. C’est un mot que j’adore. On ne l’entend malheureusement pas assez souvent. Sapristi ! Hi-hi.
SAUVEUR.- Faites plutôt quelque chose pour cette jeune fille !
DOCTEUR.- Il n’y en avait pas d’autres ?
SAUVEUR.- De quoi ?
DOCTEUR.- De pendus. Dans la forêt.
SAUVEUR.- Je ne sais pas. C’est la seule que j’aie vue, et que j’ai… sauvée. Pourquoi ? Il devait y en avoir...

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