Visiter la bibliothèque de Claude Louis-Combet revient à visiter l’appartement tout entier et encore, pour tout voir, faut-il descendre à la cave… Partout présents et souvent précieux, les livres ici ne s’affichent pas de façon ostentatoire. Seule la bibliothèque du salon offre une vitrine aux ouvrages. On y trouve les livres que les éditeurs de l’auteur lui envoient. Des contemporains comme Jacques Ancet : « j’aime son écriture, même si son univers est très différent du mien. Il a un art de la description très fine, très sensible ». La bibliophilie a investi le couloir.
On y dégotte là des choses étranges comme Les Œuvres spirituelles de Monsieur de Bernières dans une édition de 1671, ou encore la reine du quiétisme avec Les Pensées et critiques spirituelles de Madame Guyon millésimée 1722. La dame, on le sait, convertit Fénelon présent ici avec l’édition originale des Explications des maximes des saints (1697). Plus proche de nous, l’abbé Henri Brémond (1865-1933) étale ses douze volumes de son Histoire littéraire du sentiment religieux en France. Kierkegaard (dont le nom signifie « cimetière ») est là, tout entier, avec les dix-neuf volumes dans l’édition de Jean Brun. Et puisqu’on aime brasser les époques et les genres, allons jusqu’au bout du couloir, où règnent les littératures grecque et latine dignement représentées, entre autres, par Platon, Plutarque, Sénèque, Prudence… Nietzsche à côté, malgré ses quatorze volumes ferait presque piètre figure. Les livres les plus liés à l’écriture de Claude Louis-Combet, se trouvent dans son bureau, caverne utérine qui couve les pages blanches rangées sur le bureau. On nommera seulement Les Provinciales de Pascal dans une édition de 1760 : les livres qui composent la bibliothèque de philosophie, celle de spiritualité, celle consacrée à l’antiquité, la mythologie, l’ethnologie, la psychanalyse, les arts plastiques, sont trop nombreux. On rendra donc grâce devant la pièce la plus spectaculaire : un lourd lutrin d’église sur lequel, posé comme un cachalot le très volumineux Dictionnaire des cas de conscience de 1736. Imposant comme les règles immuables de l’Église.
Dossier
Claude Louis-Combet
La bibliothèque matricielle
mars 1997 | Le Matricule des Anges n°19
| par
Thierry Guichard