Un grand-père exécuté par les nazis, une mère échappée à la déportation et les millions d’autres, anonymes, muets. C’est sur leurs traces que l’auteur, né en 1956, a entrepris le voyage Venise-Auschiwtz par le rail. Plus de quinze jours à suivre ce couloir de la mort qui mène à l’abominable. Autriche, Slovaquie, Pologne, les mêmes paysages défilent où se fige l’indélébile désolation. A la fois carnet de route et essai, l’écrivain note ce qu’il voit, ce que l’Histoire a dit, ce qu’il a lu (Antelme, Améry, Levi, Bettelheim…) de l’expérience concentrationnaire. Le constraste est saisissant. Tel « un chien qui folâtre parmi les croix : je flaire les croûtes des blessures », le narrateur s’enfonce dans cette nuit des temps, conscient que c’est à l’espèce humaine, rescapée de la paix, d’assumer l’horreur. Il faut beaucoup de précautions pour descendre dans les gouffres de cette région du monde. Avec une infinie prudence, Eraldo Affinati y parvient.
Seuil
Traduit de l’italien
par François Maspero
176 pages, 95 FF
Domaine étranger Terre du sang
mai 1999 | Le Matricule des Anges n°26
| par
Philippe Savary
Un livre
Terre du sang
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°26
, mai 1999.