Un homme tombe dans une faille et découvre un monde souterrain aux nombreuses provinces, peuplé d’êtres extraordinaires : arbres se déplaçant lentement, condamnant la rapidité d’esprit, singes ridicules et autres créatures, la surface de la terre agit comme un miroir déformant et sert l’utopie de cet auteur danois du XVIIIe siècle, connu dans son pays pour son esprit satirique. En 1741, Holberg, grand admirateur de Molière dont il appréciait l’art, publie en latin un texte qui fait grand bruit et se trouve immédiatement traduit en six langues, dont le français. La dernière édition de ce texte avait paru chez Stock en 1949. Il est restitué aujourd’hui dans une nouvelle traduction.
Ludvig Holberg se révèle piquant et dénonce son époque en détaillant les moeurs des habitants souterrains. Il arrive que les coups portés sonnent encore juste aujourd’hui, ce qui donne sa modernité à un texte comportant aussi quelques longueurs. « Ces êtres, je l’ai mentionné, ressemblent aux êtres humains sur le plan physique, bien qu’ils parlent avec cette partie du corps sur laquelle nous nous asseyons. Notre planète non plus ne manque pas de gens qui, par leur langage, leur constitution, sont frères des Pyglossianiens. Que dire de Jens Sørensen, d’Ole Petersen, d’Anders Lorentsen et d’autres hommes aussi honnêtes qui, par cynisme et impudeur, prétendent donner à chaque chose son nom ; et qui, sans pudeur, et même en haut lieu, affichent sans gêne une obscénité naturelle ; que dire de ces mufles, sinon leur succès, s’ils débarquaient en ce pays ? Vu la proximité de la langue, on aurait tôt fait d’eux des citoyens, adoptés en purs autochtones. »
LE VOYAGE SOUTERRAIN
DE NIELS KLIM
LUDVIG HOLBERG
Traduit du danois par Priscille Ducet
José Corti
258 pages, 105 FF (16,01 o)
Domaine étranger Atlantide terrestre
août 2001 | Le Matricule des Anges n°35
| par
Benoît Broyart
Un livre
Atlantide terrestre
Par
Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°35
, août 2001.