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Dossier Franck Venaille
La descente d’Orphée

décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37 | par Thierry Guichard

C’est d’abord une contemplation. Face à un lac étale, voir surgir des eaux des morts qui s’avancent. Dans une sorte d’« éther », contempler ce lieu où vie et mort vont de pair. Sans angoisse. Ou plutôt avec une angoisse sereine. La mort est un territoire connu : « Là/ dans cette terre d’avril/ quelqu’un plantait des morts// cela formait une zone de connaissance// où la confiance/ malgré tout// revenait ». Les images sont fortes, comme suspendues dans une brume que dément le bleu du lac. L’instant convoque les souvenirs d’une vie « (…) vouée à l’obsession/ première : activer la braise ardente de la chair ! » On devine que celui qui parle, qui se décrit, a laissé derrière lui la ville, les rues, le monde bruyant. Il vient à la rencontre des morts, de sa propre mort. Fossoyeur de lui-même, il entre en terre, dépouillé de ce qu’il fut : « J’ai fait de ma vie ce repoussoir au bonheur./ Je ne sais plus ne sais ne sais pas ne sais plus pourquoi. » Les oiseaux l’accompagnent, le guident « Et, s’ils crient, c’est bien pour signaler au marcheur qu’il leur ressemble. » Quelques moments de bonheurs, en Engadines, sous une lumière douce n’empêchent pas que l’on entende « rauque et rauque cette toux rauque » venue d’une chambre d’hôtel et qui signale « (…) à toutes et tous,/ que, parmi eux, un être souffrant, sur sa couche, mal respirait. » On pense là au Moriendo de Roger Laporte à Rilke aussi. Sur cette mélodie silencieuse, ce requiem murmuré, Franck Venaille fait entendre quelques ricanements « sous le toit d’ardoise des oiseaux », fait voir quelques grimaces mortuaires de l’ « officier du 54e régiment des Trop Sensibles ». L’homme se moque de lui-même, dans des élans verticaux qui rompent la mélodie : « quand cesserai-je de porter à mon cou cette pancarte/ où s’étale le mot : « c.o.u.p.a.b.l.e » ? », s’apaise en voyant passer la femme, s’échauffe en pensant à « Ses sécrétions, ses sueurs et ses urines ». Le livre joue ainsi de ses multiples facettes, variant les gris et la pénombre, le rouge de la sexualité offerte, montrée comme en un spectacle cruel. Les blocs de texte se font ici aériens, là englués dans la terre, s’étalent ailleurs sur toute la largeur du livre magnifiquement édité, tombent comme en un puits vers le bas de la page. Le livre, qui nous a d’abord conduits vers ce lieu de non-vie qui n’est pas tout à fait la mort, se clôt par une troisième partie où les poèmes semblent éclatés, implosés. Là ça va vite, ça gicle, ça désarçonne le lecteur et l’on retrouve ses mitraillages trinaires chers à l’auteur « Il - Il - Il/ savait ». Accélération de la langue, accélération du coeur. Le lyrisme haché ouvre cependant ses meurtrières dans l’opacité de la page, jusqu’à y faire, telle la matrice d’une femme une « Cicatrice - Cicatrice - Cicatrice.// Puis : m’allonger dans le trou./ Jardinier-fossoyeur./ Pour naître après ma mort. »

Tragique
Franck Venaille
Obsidiane
162 pages, 16,76 (110...

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