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Domaine français Silence, on guerroie

mars 2002 | Le Matricule des Anges n°38 | par Éric Dussert

Une petite ville au bord du désert

Le paradoxal Michel Jourdain n’a pas son pareil pour taire. Avec Lettres mortes (Champ Vallon, 1999), on avait remarqué comment il parvenait à évoquer un sujet en le contournant délibérément. Sa pudeur, assortie peut-être d’un goût de la feinte ou d’un empêchement très intime laisse à ses lecteurs un large espace de liberté au coeur duquel naissent peu à peu les questions, celle-ci en particulier : de quoi nous parle Michel Jourdain ? Car il est évident qu’il parle toujours d’autre chose.
Présentée comme une « histoire vraie », ce qu’elle est au fond, Une petite ville au bord du désert se signale par l’économie de moyens avec lesquels Jourdain procède à la description quasi ethnographique (habitudes alimentaires, hygiéniques, vestimentaires, moeurs, etc.) d’une bourgade plutôt sympathique, plutôt du Maghreb -située en pays Algdes, c’est-à-dire l’Algérie, juste en face du pays Franchon… Écriture sobre, observations méticuleuses épicées de pastilles d’humour à froid, le récit est apaisant. Trop. Le silence annonce une catastrophe. Il faut avoir été vigilant pour la saisir page 21 sous la forme d’un adverbe anodin : « Ce que les habitants de la ville regrettaient, c’était de ne pas voir défiler les canons. Ils les entendaient quotidiennement, mais ne les avaient jamais vus. » Dès lors, on lit différemment. Les périphrases et les litotes sautent à l’oeil. « Arrondir les angles » signifie soumettre, « la colline de la protection des biens » est une caserne, le « Sauveur présidentiel » un Charles De Gaulle, etc. On rejoint l’« histoire vraie » puisqu’au bout du compte « il n’y a plus de ville. Pas une pierre, pas un reste. Rien. » À sa manière unique, Michel Jourdain a situé dans ce récit écrit durant l’été 1970, sa guerre d’Algérie hors du livre. En cela, son art d’écrire prend le contre-pied du pléthorique et majestueux Tombeau pour cinq cent mille soldats de Pierre Guyotat.

Une petite ville au bord du désert
Michel Jourdain
Champ Vallon
142 pages, 13 (85,27 FF)

Silence, on guerroie Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°38 , mars 2002.
LMDA PDF n°38
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