Pour Lîla, l’odeur est une suave malédiction. Une culpabilité qui la poursuit comme une ombre âcre collée à la peau. « Trop forte pour
être civilisée, trop puissante pour être dissimulée », elle est imprégnée des angoisses de la jeune femme. Enfermée dans cette geôle impalpable mais oppressante, Lîla appréhende le monde à travers la traîtrise de cet effluve. À Paris, où cette adolescente indienne du Kenya échoue après la mort de son père, recueillie par son oncle et sa tante, l’odeur la dénonce aux autres, et à elle-même. « Les odeurs me poursuivent, elles me parlent -de ce qu’elles aiment ou qu’elles haïssent, de leur besoin de compagnie et de chaleur, de leur peur de mourir. » Abandonnée par sa mère réfugiée en Angleterre, Lîla tente d’échapper à cet arôme funeste. « Mon odeur de pourri m’enrobe comme un linceul et fermente avec suavité. » Entre bouffées de gaieté et relents de désespoir, elle lutte contre l’imposture de la fragrance corporelle, ou culinaire. Esclave dans l’épicerie rance de son oncle, Lîla aspire à une vie relevée, s’apaise dans le parfum des hommes.
Récit d’une obsession olfactive, L’Odeur est le premier roman de Radhika Jha, 32 ans. Après des études de sciences politiques et d’anthropologie à l’université de Chicago, journaliste économique, Radhika Jha a travaillé pour la Rajiv Gandhi Foundation et oeuvré pour un projet d’aide aux enfants victimes du terrorisme en Inde. Son récit manque sans doute d’épices. La métaphore est trop évidente, et l’écriture trop fade. Dommage.
L’Odeur
Radhika Jha
Traduit de l’anglais (Inde)
par Dominique Vitalyos
Éditions Philippe Picquier
350 pages, 19 € (124,63 FF)
Domaine étranger Le flacon sans l’ivresse
mars 2002 | Le Matricule des Anges n°38
| par
Pascal Paillardet
Un livre
Le flacon sans l’ivresse
Par
Pascal Paillardet
Le Matricule des Anges n°38
, mars 2002.