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Histoire littéraire Un Twain mordant

juillet 2003 | Le Matricule des Anges n°45 | par Dominique Aussenac

Le père de Tom Sawyer a chroniqué le passé légendaire des États-Unis avec éclat, tout en critiquant ses aspects libéraux, bigots et racistes. Son autobiographie en témoigne.

Autobiographie

Peu de romans finalement remontent les cours des rivières, égrenant souvenirs d’enfance, aventures fluviales, magnétisme de l’eau et rêveries. Henri Bosco et L’Enfant et la rivière (Gallimard), Denton Welsh et ses Soleils brillants de la jeunesse (Viviane Hamy) et bien sûr Mark Twain avec Les Aventures de Tom Sawyer (1876) et celles de Huckleberry Finn (1884). Ces deux somptueux ouvrages, catalogués un peu trop restrictivement en littérature jeunesse, cachent en fait une œuvre considérable et un écrivain hors pair aux émotions radieuses, polémiste, anti-esclavagiste qui trace un portrait très critique des États-Unis en mutation au XIXe siècle. Hemingway écrivait que « toute la littérature américaine moderne découle d’un livre de Mark Twain intitulé Huckleberry Finn ». Pourtant ce roman qui relate les aventures d’un orphelin, descendant nu sur un radeau, le Mississippi, en compagnie d’un esclave en fuite, son seul ami, fut accueilli par la vive hostilité de puritains choqués par le réalisme, l’absence de piété et de bon goût de Twain.
De son vrai nom Samuel Langhorne Clemens, (Mark Twain est un pseudo scellant écriture et fleuve par un cri, celui des navigateurs annonçant qu’il y a suffisamment de fond pour que les vapeurs puissent continuer leur route sans s’échouer), notre aventurier écrivain est né en 1835 dans une minuscule bourgade du Missouri, à la frontière du vieux Sud, à la limite du Far-West. Il avait quatorze ans quand affluèrent les premiers chercheurs d’or, qu’il quitta l’école, orphelin de père, pour travailler dans une imprimerie. Devenu journaliste, attiré par le fleuve sur les rives duquel il avait passé son enfance, il apprit le métier de pilote de vapeurs, métier qu’il poursuivit jusqu’à la guerre de Sécession. À partir de 1861, installé dans les montagnes du Nevada, il devint tour à tour prospecteur, homme politique, journaliste et épousa une riche héritière. L’essentiel de son œuvre fut écrit en une vingtaine d’années. En dehors des deux chefs-d’œuvre cités plus haut, de récits de voyages, d’essais de toutes sortes, il écrivit L’Âge du clinquant (1873) qui montre les mœurs politiques et la corruption au temps du président Grant. Dans A Conecticut Yankee in King Arthur’s Court (non traduit, 1889), il imagine un voyage dans le temps, l’équipée d’un mécano yankee à la cour du Roi Arthur ce qui lui permet de dénoncer la société esclavagiste et l’obscurantisme religieux de son temps. Son envie « irrésistible et irrépressible » de dénoncer les travers de la société, il a toujours dû la masquer derrière un humour corrosif, ce qui fit dire à Bernard Shaw « Il est obligé de présenter les choses de façon que les gens qui, autrement lui passeraient la corde au cou soient persuadés qu’il plaisante. » Ce qui le fit aussi passer aux yeux de certains pour un bouffon, alors qu’il dénonçait pertinemment les hommes d’affaires cupides (notamment son beau-père), les esclavagistes et les racistes qui construisirent le pays champion du monde du libéralisme économique.
Toujours au nom de la liberté, il publia son Autobiographie, post mortem. « Et si je parle d’outre-tombe plutôt que de vive voix, c’est pour une bonne raison : de l’autre monde, en effet, je puis m’exprimer en toute liberté. » Les dernières années de sa vie, il vivra replié dans le souvenir douloureux de ses chers disparus, sa femme, un tout jeune fils et deux de ses trois filles, toutefois son Autobiographie possède un ton plaisant, frais, enjoué, humble et à l’humour toujours mordant. « Il en ressort que l’opinion personnelle et cachée que j’ai de moi-même n’est pas franchement reluisante. Et il s’ensuit que je mesure l’espèce humaine à l’aune de ma propre médiocrité. »

Autobiographie
Mark Twain
Traduit de l’anglais
par Béatrice Vierne
Anatolia/Le Rocher
575 pages, 23

Un Twain mordant Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°45 , juillet 2003.
LMDA PDF n°45
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