Éditeur de la maison Ulysse Fin de Siècle, traducteur des Sonnets à Orphée de Rilke, essayiste (Maurice Blanchot, dernier témoin), François Dominique propose avec A wonderful day, son quatrième livre en prose, une sorte de relevé intemporel dans le vaste réceptacle de la mémoire. On pourrait parler d’un art du repiquage, tant ce carnet, accompagné de six photographies de Bernard Plossu, semble y avoir sélectionné les traces les plus vives. Ces petites proses sont ainsi « dépositaires » de « brefs »moments bénis« ». Là, dans la maison, le calme de la nuit et le bruit lointain d’un Frigidaire, ailleurs la route au-dessus du lac d’Artouste, dans les Pyrénées, bordée par « l’épaulement d’un col de pur schiste ». Plus loin, la réflexion, comme un repli intime, sur une phrase retrouvée après la contemplation d’une lande : « la flamme d’un renard orange trouant l’espace » sera alors « dans le paysage devenu gris et sang séché, (…) l’animalité intacte, le désir vif ». Carnet de veilles, à la limite de l’effacement, la note minimale y prime. Marqués (c’est ce que l’on sent) par l’ascèse des sages orientaux, les mots de François Dominique se font le véhicule (« Je ne serai qu’un Petit Véhicule et rien de plus ») d’une ferveur. A wonderful day oscille entre dépouillement et sidération, à l’image de ce crayonné posthume de Modigliani : « De quelques-uns à beaucoup, de ceux qui savent et qui possèdent à ceux qui ne savent ni ne possèdent ».
A wonderful day de François Dominique
photographies de Bernard Plossu
Le Temps qu’il fait, 80 pages, 14 €
Poésie Dépositions
janvier 2004 | Le Matricule des Anges n°49
| par
Emmanuel Laugier
Un livre
Dépositions
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°49
, janvier 2004.