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Vie littéraire Les encalcreurs menaçés

avril 2004 | Le Matricule des Anges n°52 | par Thierry Guichard

Ardent défenseur des écrivains de tout poil, Roger Gaillard voit aujourd’hui Le Calcre, l’association qu’il préside, menacé de disparaître suite à une décision judiciaire.

Le Calcre vit-il ses derniers jours ? Attaquée par un de ses anciens employés, l’association de défense des auteurs, qui compte trois permanents, se voit réclamer 42 500 par la Cour d’appel. De quoi enterrer le Calcre que dirige Roger Gaillard.
Le bonhomme est un infatigable parleur. De ces hommes dont les combats disent assez bien les passions qui les animent. La passion de Roger Gaillard fut d’abord la poésie. Né en 1944 à Valence, on l’imagine sans peine griffonnant sur des bouts de papier alors qu’autour de lui bouillonne l’esprit de 68. Il n’en dit rien : ce parleur-là ne se considère pas comme un sujet de conversation. Sa nature est de militer : dans les années 70, on le retrouve au sein d’Apostrophe, un regroupement « de copains » (dont les Delort qui dirigent aujourd’hui L’Atelier du gué) destiné à diffuser et publier de la poésie. Bon nombre de poètes sont alors aux mains de quatre maisons d’édition douteuses : La Pensée Universelle, les éditions Saint-Germain des prés, Millas-Martin (Les Paragraphes de Paris) et P.J. Oswald. Roger Gaillard aime les anecdotes à leur sujet : « Millas-Martin avait créé le prix François Villon. Il publiait le meilleur manuscrit de manière convenable et écrivait ensuite à tous les candidats, cinq cents environ, en leur disant qu’ils figuraient parmi les quarante meilleurs et qu’il pouvait les publier contre finances. Une campagne de dénigrement du Calcre a mis fin au prix. »
Quand Oswald fait faillite, « on apprend que des poètes sont à la rue à cause de ça. » Via Libération les amis d’Apostrophe lancent un appel à réunion. Plus de soixante personnes se retrouvent et fondent en février 1979 Le Calcre pour défendre les écrivains. L’objectif est de « tordre le cou au compte d’auteur ». Mais ces « petits poètes en colère » découvrent que le compte d’auteur peut être aussi une solution face à la sclérose du milieu éditorial. À condition qu’il soit pratiqué en bonne éthique…
Le premier président du Calcre est choisi parce qu’il est le seul à avoir le téléphone ! Mathias Lair, en outre, possède une qualité primordiale : « psychologue, il savait organiser les débats entre nous : on était un peu fou. » Roger Gaillard se souvient par exemple qu’un poète avait séquestré le directeur des éditions de l’Athanor accusé d’escroquerie.
En même temps que l’association, naît L’Écho du Calcre, son bulletin de liaison. Le Calcre attaque bille en tête les éditeurs à compte d’auteur et se prend en retour deux amendes pour diffamation envers La Pensée Universelle. Douloureux apprentissage des rouages de la justice… Les plaintes, une centaine, recueillies contre quatre éditeurs débouchent toutes sur des non-lieux ou sont déboutées. Ces échecs minent l’association qui perd ses adhérents. En 1983, Roger Gaillard « ramasse la présidence » et opère un changement de stratégie. L’association renonce au pénal pour se consacrer au civil, elle analyse les contrats d’édition et diffuse sous le manteau un dossier sur le contrat à compte d’auteur auprès des écrivains de La Pensée Universelle : « ça a été un outil redoutable ». Les assignations au civil sont gagnantes…
En 1985, Le Calcre et Roger Gaillard réalisent Audace, un annuaire argumenté qui regroupe un millier de structures éditoriales. Ses lecteurs apprécient les tomates qui signalent les éditeurs véreux… Certains éditeurs à compte d’auteur se voient toutefois attribuer des étoiles : « le compte d’auteur offre toutes les variantes, du commerçant escroc à l’éditeur qui respecte la poésie et ne ment pas aux auteurs ». Deux mille exemplaires d’Audace sont vendus : l’annuaire, tapé à la machine, relance l’association. Il sera réactualisé tous les trois ans.
En 91, attaqué pour diffamation par les éditions La Bruyère qui font circuler un texte de Gaillard qui évoquait « la justice de classe et de copains », le Calcre se voit condamner à verser 37 000 F. L’association Cose-Calcre est créée pour collecter des fonds et trente-sept mille chèques d’un franc sont produits. En appel, le Calcre gagne son procès. « Après ça, il n’y a plus eu personne pour nous attaquer, exceptée l’Académie européenne du livre qui après quatre ans de procédure va perdre lourdement ». Une autre fierté de Roger Gaillard : avoir contribué à la première faillite de La Pensée Universelle en 1994. Cette année-là, Marc Autret rejoint l’association comme rédacteur en chef de L’Écho du Calcre qui devient deux ans plus tard Écrire & Éditer. Bimestriel tiré aujourd’hui à 10 000 exemplaires, É&É offre une mine d’informations considérable sur l’édition et l’écriture. Son numéro 49 pourrait être le dernier si Le Calcre ne parvient pas à trouver les 42 500 que lui réclame un ancien employé. « On peut être saisi à tout moment si on ne parvient pas à obtenir des délais pour payer cette somme. » Roger Gaillard en perdrait son humour : gagnant aux prud’hommes, le Calcre paie devant la Cour d’appel son manque de connaissance en droit… du travail. L’affaire, anodine, a pris des proportions désastreuses. Vingt-cinq ans de lutte pour la défense des auteurs risque d’être anéantis. Pour l’heure, Le Calcre a gelé la parution du prochain Audace, ressuscité Cose-Calcre et lancé un appel à la solidarité. Les poètes qui ont bénéficié des conseils et du soutien du Calcre, vont-ils aujourd’hui lui venir en aide ? Roger Gaillard l’espère à défaut d’en être persuadé.

Le Calcre BP 17, 94404 Vitry Cedex www.calcre.com (soutien : 30 à l’ordre de Cose-Calcre)

Les encalcreurs menaçés Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°52 , avril 2004.
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