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Dossier Lídia Jorge
Tempête (extrait)

avril 2004 | Le Matricule des Anges n°52

Parfois, après le dîner, quand la joie est comme une surface plane et que commencent les récits d’après le dessert, je tente de nouveau ma chance. Je commence par le paysage. Je décris l’île, les maisons éparses sur les ondulations du territoire atlantique, je convoque l’anticyclone, les rivières, les roseaux, puis je passe à la fameuse tempête d’automne qui a emporté des maisons, du bétail, des arbres, des tables, des vêtements, des bateaux et qui a fini par attirer des pompiers, des secours, des brancards et des dizaines de caméras. Après avoir ainsi planté le décor, je raconte ce qui est arrivé au couple de paysans qui intervient dans mon récit. D’ailleurs, ce récit est simple, il se réduit à une unique scène, discrète, au milieu du paysage tourmenté, tel un recoin de vie domestique, pendant que des êtres de nature et d’âge divers se précipitent pêle-mêle vers l’océan. Ou, pour être plus précise, la tempête a duré plusieurs heures, alors qu’il ne m’a pas fallu plus d’une seconde pour relater la scène que je viens d’évoquer. Il s’agit tout simplement d’une paysanne surprise par la force du courant devant sa porte au moment où elle rassemblait ses affaires. La femme commence par glisser dans la boue, elle se cramponne ensuite aux roseaux, puis elle sent l’eau l’entraîner. Le corps de la femme est, en partie, submergé par l’eau quand son mari arrive. Le mari lui tend la main, elle lui agrippe la main et le bras et tous deux restent à se balancer entre la force du mari et la force du courant. Jusqu’au moment où le paysan dit à sa femme : « Lâche-moi, femme, sinon l’eau m’emportera moi aussi. » Alors la femme lâche la main du mari et l’eau la submerge.
Ainsi, je l’ai dit, voilà l’histoire que je raconte, tentant ma chance. Mais je sais déjà qu’arrivée à ce point, aucun de mes amis ne prononce un seul mot et j’essaie encore une fois, je donne des détails. J’explique comment cette histoire est arrivée jusqu’à moi, par le biais du téléviseur. Je raconte comment un homme est apparu, au premier plan, échevelé, la mine défaite, les bras en l’air, montrant la rivière, accusant la rivière, disant : « Ma femme se cramponnait à mon bras, je lui ai dit : lâche-moi, femme, sinon l’eau m’emportera moi aussi. Et elle m’a lâché et la rivière l’a entraînée. » L’homme survivant, la mine défaite, échevelé. Je raconte une nouvelle fois, amenant mes voisins de table à être la femme, à être l’homme, à être la tempête et le courant. Je raconte dans l’espoir qu’étant tantôt l’un, tantôt l’autre, ils m’aideront à éloigner cette énigme. Ils m’aideront à me débarrasser de ce récit que je porte pendu au cou comme un médaillon en or. J’ai besoin de la clé qui me permettra de pénétrer à l’intérieur de cet objet fermé. Mes amis, que me direz-vous, une fois le dîner fini ? Que conclurez-vous ? N’y a-t-il pas de conclusion possible ? Si l’on pouvait réécrire cette histoire, faudrait-il en éliminer un élément après l’autre, jusqu’à parvenir à la racine même...

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