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Histoire littéraire Les morts vous saluent

septembre 2004 | Le Matricule des Anges n°56 | par Marc Blanchet

En écrivant son autobiographie via une galerie de portraits d’écrivains et de peintres décédés, Joaquim Vital réalise un livre généreux et truculent.

Adieu à quelques personnages

Responsable, aux côtés de Colette Lambrichs, des éditions de La Différence, Joaquim Vital, en plus de vingt ans de publications, a fréquenté, après sa fuite du Portugal salazariste, la France en rencontrant en nombre écrivains et peintres. Ces deux domaines artistiques sont ceux-là mêmes qu’il a exploités en livres : par l’édition d’un nombre impressionnant d’auteurs du monde entier où la France et le Portugal sont beaucoup représentés, et par des « beaux livres » qui ont permis à des peintres souvent français d’avoir des monographies de taille. Mais Joaquim Vital n’a pas voulu rédiger une autobiographie qui narre son parcours d’une enfance lisboète lettrée à la reconnaissance dont il bénéficie aujourd’hui. L’homme est plus amateur des surprises, des angles d’attaque variés, et aime manifestement rester insaisissable. Non, Vital parle des morts qu’il a connus, aimés, fréquentés, pour certains supportés et quelques autres presque détestés. Quoique : si les impressions ici côtoient jusqu’à l’ivresse souvenirs et anecdotes, Joaquim Vital ne juge pas ces artistes qui l’ont aidé plus ou moins à sa reconnaissance, certes il « balance » pas mal sur certains, mais surtout l’homme a un amour tellement monstrueux des arts qu’on a l’impression d’assister au passage d’une flèche dans le dernier quart du vingtième siècle. « Ces morts dont je tente d’aviver l’image pariaient sur la chance supplémentaire de durer que la chose imprimée procure, misant, de cette façon-là aussi, sur l’improbable postérité. J’espère ne pas les trahir », indique en liminaire l’éditeur.
Au programme donc : une remontée en exil vers la France, la fréquentation d’anarchistes, marxistes ou militants qui lui placent entre les mains des livres essentiels et le goût d’imprimer, puis, peu à peu, jusqu’à un rythme étourdissant, la rencontre avec des peintres et des écrivains, des projets, avortés ou aboutis, des mauvais plans et des bons coups, des avions à attraper pour rencontrer un artiste, des soirées arrosées, des saisies d’huissiers, des comportements affligeants de peintres (dans ce domaine champions), le tout dans une langue qui navigue à vue entre légèreté et description très fine des travaux artistiques, portraits brillants de spontanéité et de justesse. Ernst, Broodthaers, Hélion, Calder, Okamoto, P. Waldberg, Masson, Miró, Lambrichs, Fini, Klossowski, Souvarine, Lely, Bosquet, Chirico, Le Sidaner, Vieira da Silva, Deleuze, Bacon, Delvaux, Fellini, Lamarche-Vadel, César, Girodias, Tinguely, Saint Phalle, Saura, Mitchell font, entre autres, partie de cette galerie de portraits qui dessine une autobiographie en creux. L’éditeur n’est pas toujours tendre à leur égard, ni même envers lui : la sincérité est de mise. Il a quelque chose de l’enfant capable, mais impatient, de réaliser lui-même ses propres jouets. N’empêche : avec une telle honnêteté de ton on a du mal à ne pas s’imaginer que certaines oreilles siffleront : Lely montra son zizi à Léonor Fini, Girodias tapant du fric, la rencontre quelconque entre Deleuze et Bacon, la mégalomanie avé exemples de César. Épouses, amies et maîtresses des artistes apprécieront.
À l’arrivée, on est simplement ravi (ce livre vous emporte) et quelque peu envieux du parcours de Joaquim Vital, riche de rencontres et de métamorphoses. Le lecteur en devient presque reconnaissant à Vital de le faire entrer si amicalement dans cet Adieu où ne figurent que des morts. On regrette presque que certains soient encore vivants…

Adieu à quelques
personnages
Joaquim Vital
La Différence
350 pages, 20

Les morts vous saluent Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°56 , septembre 2004.
LMDA papier n°56
6,50 
LMDA PDF n°56
4,00