Gilles Ortlieb, le veilleur fraternel
On commence d’abord par quelques inclassables. Bove occupe un long rayon (quelques éditions originales signées). Henri Thomas suit, œuvres complètes, photos et lettres. Puis Strindberg, « c’était un génie, ce mec et un peintre, c’est du Pollock, mais peint en 1894 ! ». Dessous, ce sont deux rayons consacrés aux peintres, justement, où l’on trouve Schulz. Les revues viennent clore ce premier meuble. Quelques inclassables (dont Cendrars) font le lien avec le suivant où commence la littérature française classée alphabétiquement. On y trouve notamment Jacques Borel « c’était un type très très bien », Louis Brauquier avec Aux armes de Cardiff, « un Marseillais de la famille des injustement méconnus », Butor, Calet (« Poussières de la route, c’est vraiment très bien »). Abdallah Chaamba (pseudo d’Augiéras) et Le Vieillard et l’enfant (« ça a été très important »). Ortlieb garde « une reconnaissance éternelle pour G.O. Châteaureynaud qui m’avait envoyé des livres quand j’étais bidasse. » Paul et Philippe cohabitent (Claudel). Le Belge Hugo Claus « a un bon titre » : Le Chagrin des Belges. Marcel Cohen, un peu de Commère, Louis-René des Forêts (« bouleversant »), René Daumal (« lecture des années floues »). Notre hôte enchaîne avec Tony Duvert et son Journal d’un innocent. Tout un rayon est consacré à Jean Forton. Raymond Guérin pour L’Apprenti et Quand vient la fin, voisine avec « un petit monsieur charmant » Louis-Paul Guigue (chez André Dimanche). Hyvernaud suit Hesse et son Cimetière américain avant Autobiographie de mon père de Pierre Pachet, Brice Parrain, un peu, Perros « évidemment », un petit rayon Pirotte et beaucoup de Queneau, Schwob. Alain Sevestre (« très habile »), Jean-Pierre H. Tétart (« impeccable ») conduisent au Dictionnaire des auteurs chez Bouquins Laffont auquel Ortlieb a collaboré. Plus de deux rayons sont consacrés à « la partie belge de Baudelaire » où l’on trouve même des faux… Parmi tous les usuels, le dictionnaire analogique, « le Niobey » a beaucoup servi. Isolé : Jacques Chauviré. Ortlieb lu
Passons aux anglophones : Carver, Coleridge, Flannery O’Connor, beaucoup de Conrad, Jack London, Isherwood, un « paquet » de Melville. Puis un rayon de littérature concentrationnaire fait le lien avec les Espagnols, Onetti, des Portugais, quatre rayons de la Pléiade, puis les Italiens dont Buzzati, Primo Levi, Malaparte, Lobo Antunes, Vila-Matas (« heu, c’est un peu le bazar »)… Les Allemands, nombreux : beaucoup de Woyzeck, Stifter, Wedekind, Bernhard, Büchner toujours, Kafka, Musil, Hofmannsthal dont La Lettre de Lord Chandos « constitue un texte fondamental », Joseph Roth, Sebald, Robert Walser « qui a compté » puis Panaït Istrati (« merveilleux et très reposant »).
On arrive chez les Russes : tout Chalamov, Dostoïevski, Mandelstam (traduit en allemand), le « merveilleux » Le Lieutenant Kijé de Tynianov. Tout Tchékhov, Nabokov (« que je n’aime pas beaucoup »), La Face sombre du Christ de Rozanov (« que j’aime...