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Domaine français L’autre monde de Zouc

novembre 2006 | Le Matricule des Anges n°78 | par Pierre Hild

La comédienne est une femme de parole. La réédition d’un entretien avec Hervé Guibert vient enfin rompre un silence trop long.

Zouc par Zouc : l’entretien avec Hervé Guibert

Depuis près de quinze ans et son apparition dans le film Roi blanc, dame rouge de Sergueï Bodrov, elle avait disparu des scènes et des écrans. Ses disques étaient épuisés. Seule l’INA conservait quelques images. La revoici, Zouc, pour ce Zouc par Zouc publié par L’Arbalète, joué jusqu’à la fin de l’année sur la scène du théâtre du Rond-Point à Paris.
Suisse, Zouc est née, en 1950, Isabelle von Allman, qui veut dire « des pâturages alpestres », comme pour traduire une hauteur et un écart qui la caractérisent en partie. De 1970, quand elle jouait Ionesco mis en scène par Jorge Lavelli, à ses spectacles très populaires des années 80, Zouc est restée une énigme. La part autobiographique de ces sketches, son exposition médiatique, ses admirateurs si divers du voisin de palier à Roland Barthes, n’ont en rien dissipé la part irréductible, ombreuse, de son être. Aujourd’hui retirée, atteinte des suites d’une maladie nosocomiale de très lourdes difficultés respiratoires, on rêvait d’un retour qui semblait bien illusoire.
En attendant une édition filmée de ces spectacles, la voici par le texte donc. Si le geste a toujours tenu sa place dans ses spectacles, si le mime en fut même, un temps, une part importante cette façon d’être, de dedans, une petite fille ou un bébé, par exemple, être Zouc c’était écrire, aussi le bulletin de la société de linguistique de Paris a pu d’ailleurs proposer une étude de son sketch Les amoureux en analysant « particules énonciatives, prosodie, message ».
Zouc par Zouc n’est pas une anthologie de textes mais comme l’indique le sous-titre « L’entretien avec Hervé Guibert ». Publié initialement dans un volume sur la comédienne paru chez Balland, ce texte est le fruit de cette rencontre Zouc/Guibert, au milieu des années 70, quand ils avaient tous deux une vingtaine d’années. Un entretien mené sur huit après-midi, dans un café. « Je n’ai pratiquement pas posé de questions à Zouc, même » de relance : « elle savait exactement où elle allait et, pour rire, finissait certaines phrases par : « Point, terminé, à la ligne » ». Un Guibert en retrait, donc, qui joue l’oreille et le scribe, s’empêchant de « limer les excroissances du langage, les répétitions. Le style original (étant) trop direct. »
La famille et les laissés-pour-compte, le village et Paris, la grand-mère et le singe Kéké : les rencontres et les fuites peuplent comme dans ses spectacles une redoutable comédie humaine. Contre le « quotidien sans croche-pied », sa « vie d’ennui de petite fille », Zouc recherche les accidents de la vie et le contact des « gens qui avaient des problèmes, on dit maintenant marginaux ». Contre la solitude pesante, elle éprouve le besoin de partage « Je refuse l’intimité, je déteste le privé. Pour moi, il n’y a pas les choses qu’on peut dire et celles qu’on ne peut pas dire. (…) En un mot, je ne prends jamais mon plaisir seule, sauf quand je me branle ».
La séquence la plus longue concerne « L’asile » qu’elle connut dès 16 ans, sans explication profonde, croyant entrer dans un quelconque endroit de repos. Une expérience douloureuse qu’elle retourne pourtant en expliquant ce qu’elle apprit là-bas. « C’est grâce à mon passage à l’asile que j’ai appris à lire la première lecture que les gens donnent d’eux, et une deuxième lecture qu’il faut trouver par soi-même. Je crois aux médecins, bien sûr, mais moi ce sont les malades qui m’ont soignée ».
Une confession qui se donne pour seule limite ce constat : « Il est maladroit d’exprimer par des mots des dimensions qui dépassent bien les mots ». La rencontre avec un être remarquable.

Pierre Hild

Zouc par Zouc,
L’Entretien avec Hervé Guibert
L’Arbalète/Gallimard, 64 pages, 11,90

L’autre monde de Zouc Par Pierre Hild
Le Matricule des Anges n°78 , novembre 2006.
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