Rions un peu en ces temps de pénurie. Tristram remet en vente Le Tutu de la mystérieuse Princesse Sapho que l’éditeur auchois avait publié pour la première fois en 1991. Soyons honnêtes : il faut être sacrément constipé pour ne pas goûter à ces cocasseries en série, à cette langue débridée et raffinée qui annoncent à la fois Jarry, Allais et Audiard. De quoi s’agit-il ? D’un roman de « mœurs fin de siècle ». Maurice de Noirof, dit Mauri, en est le héros. Sa vie, une performance : il épouse une obèse portée sur l’absinthe, engrosse un phénomène de foire, devient ministre de la justice, et rêve de s’unir à maman. De prouesses ferroviaires à la fécondation de l’arbre par l’homme, d’une guillotine miniature anti-adultères à la culture de vibrions lactifères, tout se bouscule dans une joyeuse invention. « Ah, la Science confine à l’Infini », s’exclame Mauri. Et la fantaisie itou. Ce texte, « rhinocérossement » insolent, fut imprimé en 1891 par Léon Genonceaux, alors éditeur de Rimbaud et de Lautréamont. Mais pressé de fuir la justice, il le laissa dans les cartons. Ce qui posera au final un « petit problème d’histoire littéraire ». Qui se cache derrière Princesse Sapho ? On ne le sait. Mais il n’est pas interdit de chercher. En fin de volume, le bibliophile Pascal Pia, qui révéla l’existence du Tutu en 1966, Julián Ríos qui en tomba amoureux, et surtout Jean-Jacques Lefrère, en fin limier, livrent leurs pistes. Un autre roman s’ouvre. Au fait, « pourquoi ne lit-on pas de romans à Clermond-Ferrand » ?
Le Tutu de Princesse Sapho
Tristram, 241 pages., 23 €
Histoire littéraire Du coq à l’âne
juin 2008 | Le Matricule des Anges n°94
Un livre
Du coq à l’âne
Le Matricule des Anges n°94
, juin 2008.