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Théâtre Peaux mortes

avril 2009 | Le Matricule des Anges n°102 | par Etienne Leterrier-Grimal

Dans un établissement de bains centenaire, situé vers un ailleurs exotique et déshérité (Afrique ? Orient ?), Monsieur et Madame sont venus étudier l’opportunité de grands travaux de réaménagement. Au-dessus d’eux, la Compagnie et ses actionnaires, qui veulent faire de ces murs vénérables « un palais d’eau pour la splendeur du corps » destiné à « tous les blafards de la jet-set ». Sur place, Marthe la fille de bain et un jeune masseur prénommé Amosso se sont mis à leur service, comme déjà avant eux les parents de leurs parents. Peaux mortes, de Fabrice Agret, montre avec talent comment la mondialisation met face à face ces deux mondes, et tire un constat désabusé de leurs rapports post-coloniaux. Fascination des occidentaux pour « le naturel », « la pâte locale », « la culture qui affleure au bout des doigts ». Fascination des déshérités pour l’argent, pour l’avenir, pour « l’instruction qu’on ne mange pas ici ». Monsieur apprend rapidement à Amosso la contrebande de peaux de varans, Madame prend Marthe sous sa protection. En contrepartie, ils sont « massés, frottés, raclés », « dessiqués, resaclés, assiqués », dans une quête éperdue de beauté éternelle et de jeunesse qui les oblige à macérer leur mélancolie noire dans les eaux tièdes des bains.
Fabrice Agret déploie une palette stylistique éminemment recherchée. En élidant articles et pronoms, en dérivant les verbes ou les adjectifs en noms, les noms en verbes, et en multipliant les effets sonores, il dépouille le mot de sa grammaticalité et le restitue à son état antérieur de glaise. Les hommes sont aussi les mots qu’ils prononcent, comme en témoigne le titre de la première pièce de Fabrice Agret : Corps de boue. Dans son écriture, le langage retrouve ainsi une élasticité et une organicité nouvelle : « amosso : Monsieur, il a le corps marqué comme un cargo, sa peau trace comme un arbre ancien mémoire le temps à fond de cale ». La peau est histoire, elle est mémoire, identité, culture, mort et vie mélangées.

Peaux mortes
de Fabrice Agret
Quartett, 112 pages, 12

Peaux mortes Par Etienne Leterrier-Grimal
Le Matricule des Anges n°102 , avril 2009.
LMDA papier n°102
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