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Poésie Meschonnic, à contretemps

avril 2009 | Le Matricule des Anges n°102 | par Thierry Cecille

Essai d’« anthropologie historique du langage » et coup de colère théorique durant plus de sept cents pages - pour une thèse : le rythme, c’est l’homme même.

Critique du rythme : Anthropologie historique du langage

Publié initialement en 1982, cet ouvrage de Meschonnic n’a rencontré qu’une réception limitée, épisodique - et les voies qu’il ouvre ici sont encore peu explorées (signalons cependant Les Rythmes du politique, très excitant essai de Pascal Michon, paru, en 2007, aux Prairies ordinaires). Sans doute, ne le dissimulons pas, l’abord est-il quelque peu effrayant : il faudra au lecteur courage, patience et obstination pour se lancer dans la lecture et se frayer ici un chemin. L’ouvrage est massif, la technicité - du lexique, de certaines analyses - peut rebuter, la linguistique aussi bien que la psychanalyse ou la grammaire sont convoquées. Meschonnic, en outre, emporté sans doute par sa fureur polémique, son désir de faire place nette, pourfend - avec une assurance qui peut déplaire - aussi bien Valéry que Mallarmé, Jakobson que Kristeva, et le structuralisme aussi bien que le marxisme ! Il semble qu’avant lui, sauf exceptions fort rares, nul n’ait compris ce qu’est le rythme. Peut-être est-ce vrai cependant…
Le rythme ne saurait être limité à la métrique, elle-même indûment rattachée à la musique. Il ne s’identifie pas non plus à la respiration ou à quelque mouvement - naturel ou cosmique - qu’il mimerait, la distinction entre prose et poésie - même si l’on y ajoute, non sans difficulté, le vers libre - doit donc être totalement repensée : ce sont là quelques-uns des leitmotive ici sans cesse repris, fouillés. Le rythme est « l’organisation des marques par lesquelles les signifiants, linguistiques et extralinguistiques (dans le cas de la communication orale surtout) produisent une sémantique spécifique, distincte du sens lexical, et que j’appelle la signifiance : c’est-à-dire les valeurs, propres à un discours et à un seul. » Le rythme est l’expression - et peut-être même la constitution - dans et par le discours, de l’individu entier, indivis, c’est-à-dire physiologique, sociologique, historique et politique. Meschonnic précise alors : « On peut reconnaitre trois catégories du rythme, mêlées dans le discours : le rythme linguistique, celui du parler dans chaque langue, rythme de mot ou de groupe, et de phrase ; le rythme rhétorique, variable selon les traditions culturelles, les époques stylistiques, les registres ; le rythme poétique, qui est l’organisation d’une écriture. Les deux premiers sont toujours là. Le troisième n’a lieu que dans une œuvre. »
Cette conception amène Meschonnic à combattre, par exemple, certaines illusions faussement modernistes - et non dépourvues de sens, précisément, politique - des futuristes, ou à montrer, dissimulée sous les éloges convenus, l’obéissance conservatrice de Saint-John Perse à des schémas métriques traditionnels. Nous trouvons également des pages pénétrantes sur ce que pourrait être une véritable théorie de l’oralité, de la voix, « perpétuel débordement de signifiance », « métaphore du sujet », élément-clé d’une anthropologie du langage qui est ici l’horizon épistémologique du livre entier. « La critique du rythme ne consiste pas à commenter un vers, ou un poème, dont elle épuiserait l’effet ou la valeur, dont elle dirait le sens, si lui-même ne l’a pas dit. Elle cherche comment ils signifient, et la situation de ce comment. » On ne peut alors que regretter que les analyses, qui pourraient être des applications de la théorie ici présentée avec tant de force, soient en définitive fort limitées : seuls quelques vers de Baudelaire, quelques poèmes de Rimbaud ou d’Apollinaire, une page de Céline, sont ici étudiés. Mais sans doute cela doit-il nous encourager à aller rechercher cette pratique critique dans les autres œuvres de Meschonnic…

Critique du rythme de Henri Meschonnic
Verdier poche, 732 pages, 18,50

Meschonnic, à contretemps Par Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°102 , avril 2009.
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