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Domaine français L' Ampleur du saccage

octobre 2011 | Le Matricule des Anges n°127 | par Valérie Nigdélian

L' Ampleur du saccage

La matière est séduisante, âpre et violente, et, ce qui ne gâche rien, visiblement obsessionnelle : son premier roman, Zone cinglée, faisait déjà la part belle à la figure maternelle et à la misère sexuelle. Le deuxième roman de Kaoutar Harchi, L’Ampleur du saccage, peint un monde terrifiant d’où les femmes ont disparu et ne cessent de hanter les regards hébétés d’une foule de mâles désirants. « Les solitudes contemporaines naissent du prix exorbitant des bordels » : interdites par la religion musulmane, par la loi pénitentiaire, par la nécessité économique de l’exil, les femmes sont masquées, absentes ou restées au pays. Ou sont mères, fascinantes et toutes puissantes, suscitant de troubles désirs incestueux. Ou sont putes, mais « pénétrer c’est payer  ». Composé autour de quatre personnages masculins liés par une terre commune, l’Algérie, le roman dénoue avec cruauté les fils de la généalogie d’Arezki, ce jeune garçon assassin conçu dans l’horreur d’un viol collectif qui achève sa quête des origines dans le sang et la douleur incrédule. Des frustrations affectives et du désir qui affame et rend nerveux, Kaoutar Harchi fait le cœur des plus beaux passages de son texte, quand sa langue abandonne toute velléité de rendu réaliste et se laisse aller à une appréhension plus symbolique du monde, presque poétique : « Nous enjambions le ciel dans les flaques d’eau. » Rugueuse et précise, parfois puissamment défaite, cette langue succombe pourtant trop souvent à une sophistication très ampoulée, à mille lieues du caractère extrêmement frustre des personnages ; s’englue dans un « je » improbable, donnant ainsi voix à des êtres à la chair déchirée – produisant ainsi un pénible effet de collage ; se perd dans un schéma narratif alambiqué, trop peu crédible pour qu’on consente à s’y laisser emporter. L’acharnement à construire le texte – selon des impératifs narratologiques appréhendés peut-être trop rigidement – nuit finalement à son rayonnement vénéneux, dont perdurent, malgré tout, quelques traces brûlantes.

Valérie Nigdélian-Fabre

L’Ampleur du saccage
de Kaoutar Harchi
Actes Sud, 128 pages, 15

Le Matricule des Anges n°127 , octobre 2011.
LMDA papier n°127
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LMDA PDF n°127
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