Un livre

Mon île au trésor, dans les sables de Libye

de Alain Blottière

Editions Arthaud

Rien de plus stimulant, pour rendre au Réel sa gloire et sa chance, qu’une chasse au trésor. Surtout quand celui-ci est censé se trouver au centre d’une mystérieuse île située en plein désert, et qu’il a été vainement recherché par quelques chasseurs de légende ou aventuriers que nourrissait le rêve de cette terre promise qu’est la découverte d’un trésor. Indubitablement Alain Blottière, qui fut prix littéraire de la vocation, en 1980, avec Saad (Gallimard), est de ceux-là. « Je n’ai jamais cessé de chercher quelque chose ou quelqu’un, et j’ai fait de cette chasse le sujet de tous mes romans. »
Tout commence, dans cette histoire vraie, en 1792 avec un Anglais fortuné, épris d’aventure, que des informations vont mettre sur la piste d’un temple disparu, celui de l’oracle d’Amon, situé dans les parages d’une oasis mystérieuse du désert Libyque : Siwa. Au cours de ses recherches, on lui fait une « histoire merveilleuse » d’un endroit fait de ruines entourées d’eau, tout en lui conseillant de renoncer au désir de s’y rendre. Trop tard. L’île va devenir l’objet d’une quête périlleuse et vaine. Un Allemand, des Français – dont le colonel Boutin, un énigmatique espion qui traînera une barque sur plus de 500 km de désert, et Frédéric Cailliaud, le premier des visiteurs modernes de Siwa à n’avoir pas disparu prématurément sur la scène de ses aventures exotiques – tenteront de l’atteindre.
Alain Blottière aussi l’a fait, le chemin de Siwa, en quête d’un lieu idyllique d’où il ne voudrait plus repartir. Quand le charme fut rompu, il s’en détacha jusqu’au jour où, grâce à Google Earth, il réussit à localiser cette fameuse île inviolée perdue dans les sables. Début d’une odyssée qu’il nous raconte, non pas de façon linéaire, mais en l’entrecoupant du récit des aventures de ceux qui l’ont précédé. Un livre qu’animent les émotions primitives de l’enfance et qui sait restituer les faits dans leur lumineuse opacité et leur cocasserie. Des expéditions qui prouvent qu’il faut croire à cette forme de merveilleux qui ressuscite l’enchantement propre à l’âge où rêveries et croyances aiguisaient si magiquement l’appétit de vivre.

Richard Blin

Mon île au trésor
d’Alain Blottière
Arthaud, « L’Esprit voyageur », 240 pages, 16 €