Louis Calaferte, les élans d'un insoumis
- Présentation Un îlot de liberté
- Entretien « Un éveilleur »
- Autre papier L’ami de Tarabuste
- Autre papier Commémoration
- Entretien « Une quête intérieure »
- Bibliographie Bibliographie
- Autre papier Chassez la racaille !
- Autre papier « Les mots, ça fait tout trembler… »
- Autre papier « Pas pourris. C’est l’essentiel »
- Autre papier Être soi et l’autre
- Autre papier Du pire que vrai
Auteur de documentaires qui abordent aussi bien la création artistique (musicale ou photographique), le monde politique que l’univers médical, Jérôme de Missolz est aussi un réalisateur de fictions cinématographiques. Un cinéma expérimental, dont rend compte son adaptation de La Mécanique des femmes (2000), dans laquelle il explore l’œuvre de Calaferte.
Jérôme de Missolz, dans le premier de ses Carnets (Le Chemin de Sion), Calaferte constate : « Je remarque qu’à peu près tout ce que j’ai écrit est inspiré par le trouble de la féminité. » Trouvez-vous que le motif de la femme soit une clé pour entrer dans son œuvre ?
Non, je dirais plutôt : le trouble d’être en vie. Qu’est-ce que l’homme ? La démarche de Calaferte est spirituelle, mystique. La question de l’existence de Dieu est bien plus importante dans son œuvre que celle du sexe.
Après, je dirais que l’amour de la femme, l’amour d’une femme, le rapport à la mère, l’amante, à la femme dévorante, s’inscrivent naturellement dans cette quête intérieure. Car la femme est pour lui au cœur du désir. L’œuvre s’inscrit alors, écartelée entre Éros et Thanatos. La femme représentant la vie, il finit par s’agenouiller devant elle dans Septentrion. Si elle le trouble, c’est, il me semble, au niveau d’un émoi mystique.
Qu’on ne s’y trompe pas. Il n’y a pas moins misogyne que lui. Calaferte n’est que dévotion envers la femme. Devant elle, il reste un enfant émerveillé et troublé !
Certes, c’est un coquin, il y a du Henry Miller chez lui, mais je n’emploierais pas le terme de libertin. Calaferte remercie Dieu chaque jour de partager sa vie avec G., la très belle femme qu’il aime et qui partage son quotidien, son lit, sa vie littéraire, son inclinaison vers la poésie, la beauté, la transcendance. Il ne fait qu’un avec elle.
Vous dîtes : « La question de l’existence de Dieu est bien plus importante dans son œuvre que celle du sexe. » Voyez-vous en Calaferte l’« anarchiste chrétien » qu’il disait être ?
Question délicate ! Il me semble que Calaferte est bien au-delà de tout ça ! Il ne s’étiquette pas aussi facilement… Calaferte, né chrétien, dans une pratique toute personnelle de la religion, bouffera du curé toute sa vie, comme il bouffera des hommes politiques, des journalistes, et tout ce qui s’apparente à la machine sociale.
« Tout est Dieu ou rien n’est Dieu. Alors comme pour moi tout est Dieu, alors le plaisir est Dieu. » Elle est assez belle cette idée que la vie est un miracle. Calaferte est en prise avec tout ce qui le dépasse. Il se vit quotidiennement comme « un ressuscité ». Cela lui permet d’appréhender la vie « comme un état de bonheur, un état de volonté d’être et non pas comme quelque chose de sacrificiel ». Je trouve ça très intéressant, cette conception de la vie comme une expérimentation spiritualiste détachée de toute application du dogme proféré par l’Église. Cela nous amène peut-être au point dominant du caractère de...