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Zoom Marche ou rêve

septembre 2016 | Le Matricule des Anges n°176 | par Chloé Brendlé

Comment rêver dans une République soviétique finissante ? Elitza Gueorguieva ous embarque dans la tête d’une petite fille qui voulait devenir cosmonaute.

Les Cosmonautes ne font que passer

Ton grand-père est communiste. / Constanza est une peste. / Berlin n’est pas un homme. / Iouri Gagarine a été kidnappé par des extraterrestres. » L’héroïne du premier roman d’Elitza Gueorguieva n’a pas de prénom, elle a 7 ans, puis 14, elle vit les dernières années de la Bulgarie soviétique, n’a pas les yeux dans sa poche, mais plutôt vers le ciel, où elle compte bien suivre les traces du camarade Gagarine et de ses acolytes féminines dès qu’elle aura appris à manœuvrer son premier Vostok et à vivre en apesanteur. Tout devrait lui peser, pourtant, en cette fin des années 80, les protocoles de son école, les silences de ses parents, les bobards de la Transition Démocratique. Donner à voir la grande Histoire à travers les yeux d’un enfant serait un exercice de style périlleux ? En s’adressant à un « tu » que l’on devine teinté d’autobiographie, la narratrice de Les Cosmonautes ne font que passer saisit avec brio le passage d’une ère à une autre, de la « conquête spéciale » à Nirvana, du faux père Gel au vrai père Noël (à moins que ce ne soit l’inverse).
C’est d’abord un titre génial. Ou plutôt des titres, car ce manuel pour une petite fille en quête de mission se divise en savoureux chapitres (« Si dans la forêt tu perds ton chemin », « Comment ne pas devenir Sylvie Vartan », « Ta mère la patrie »), et en brèves phrases, qui constituent parfois des listes, une « méthode d’énumération des phénomènes de la vie qui t’aide à mieux la concevoir ». C’est aussi un ton, quelque part entre l’humour et le désappointement, qui suggère sans figer. Si certains effets sont parfois attendus (l’inversion ironique ou la révélation du sens des mots, « commun  » par exemple) ou trop répétés (les périphrases – celle du « placard trop difficile d’accès »), Elitza Gueorguieva retranscrit bien les hésitations identitaires de l’enfance (et au-delà), et laisse s’imprimer sur notre rétine quelques images à la fois belles et floues : un grand-père désactivé dans la neige, une caresse paralysante, une mosaïque de petits cailloux.
Il s’agit, sauf erreur, du premier livre issu du master d’écriture de Paris VIII, et c’est une réussite : d’Olivia Rosenthal et de son Que font les rennes après Noël, l’auteure des Cosmonautes ne font que passer a retenu quelque chose de la liberté et de l’équilibre entre la fantaisie et le sérieux, la cruauté et la délicatesse. Loin du cynisme ambiant, Elitza Gueorguieva se refuse à dépeindre les dessous d’une illusion (existentielle, politique) en couleurs ternes et à engendrer la mélancolie. Elle détourne la puissance d’affirmation des discours idéologiques pour mieux la transformer en énergie et en invention de soi drolatique. Une écrivaine et un instinct de rébellion à suivre…

Chloé Brendlé

Les Cosmonautes ne font que passer,
d’Elitza Gueorguieva, Verticales, 177 pages, 16,50

Marche ou rêve Par Chloé Brendlé
Le Matricule des Anges n°176 , septembre 2016.
LMDA papier n°176
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