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Domaine français Décoller l’école

février 2021 | Le Matricule des Anges n°220 | par Chloé Brendlé

Avec son sens de la notation micropolitique et sa poétique de la découpe, Nathalie Quintane débite l’Éducation nationale en 48 morceaux de choix.

Un hamster à l’école

Depuis le temps qu’on l’attendait. Le réquisitoire implacable qui dépieuterait le mammouth et ses trouffions, de ses ministres à ses professeurs. Cela commence presque en mode mineur : « - À la fin des années 70, je suis passée du 93 / au 95. C’est une histoire que je raconte souvent. » De Quintane, on avait lu récemment Les Enfants vont bien, antiphrase cruelle référant aux jeunes réfugiés, et Un œil en moins, évocation des révoltes de Nuit debout et des Gilets jaunes. On connaît son art d’appuyer pile poil où ça fait mal, de triturer la mauvaise conscience nationale, depuis Grand ensemble au moins. Son métier de prof de collège restait en sourdine, affleurant dans Ultra-Proust, apparaissant dans des textes pour Lundimatin, sur « Axa au collège » et sur son premier cours masqué par temps de Covid. Un hamster à l’école débute sur le ton de la confidence, léger, on va suivre une vie dans l’Éducation nationale, depuis le collège (en tant qu’élève) jusqu’au collège (en tant que prof). CQFD. De fil en aiguille et de saynète en saynète on recompose un paysage bizarre et si familier, auquel, chacun, on a envie d’agréger sa petite anecdote, parce que tout le monde a une histoire avec l’Éducation nationale, cette machine à agréger. On serait presque déçu – au début, un témoignage parmi tant d’autres, mi-dramatique mi-drolatique. La vie. Il paraît d’ailleurs que Quintane prépare plus vache (J’adore apprendre plein de choses, chez Hourra) et plus flamboyant (La Cavalière, chez P.O.L). Et pourtant.
Ralentissons et relisons (lisez !), si possible à voix haute : « Je prends le Velleda. Bon, je ne sais pas, mais / en tout cas, je peux vous dire deux mots sur les virus / et comment ils sautent d’une espèce à l’autre pour / trouver un hôte et comment nous, les humains (…) Et puis, je ne / sais plus très bien comment, car un cours est un trajet / une promenade pleine de pauses d’errances dont on / ne connaît jamais d’avance le nom ni le vrai but – / le contraire, en somme, d’un programme à asséner / d’office, même si ce pays, plus que ce programme / vous, prof, l’avez déjà parcouru, et que / vous savez à peu près ce que recèlent ses petits coins / –, je ne sais plus très bien comment, donc, j’en viens / à leur parler des larmes, du don des larmes, et que ».
Mine de rien, Quintane dit et prélève l’essentiel. Pour nous le faire entendre, elle le découpe, en vers, refaisant, au passage, de la poésie non pas un mignon dessin sous cloche mais un angle d’attaque. Elle agence, ensuite, selon ses coq-à-l’âne habituels qui sont aussi ceux du quotidien en général et du train-train scolaire en particulier. Car au collège, tout communique : les salles de 50 m2 « (1,20 m2 par élève, norme standard) sur des tables de 70/50 cm », la cantine, la loge, les bulletins, etc. Il n’y a pas d’un côté la forme et de l’autre le fond. Pas la salle moche d’un côté et de l’autre Demain dès l’aube. Pas d’un côté « l’autorité » du prof et de l’autre un État éborgneur. Les hamsters couinent, le texte couine. Pourquoi « Rester prof, c’est d’abord négocier » ? Pourquoi la plupart des profs préfèrent-ils leur poulet basquaise à la « chierie » des DHG (dotations horaires globales, qui réduisent depuis trente ans les postes à peau de chagrin) et des HVS (heures de vie syndicale) ? Pourquoi sont-ils plutôt de droite et « imperturbables » face à la montée des dangers ? L’auteure soulève toutes ces questions inconfortables et trace, sinueusement mais sûrement, l’adéquation entre l’état des classes et l’état du pays – façon « Un pays qui se tient sage de David Dufresne » –, et la position de plus en plus intenable entre transmettre et émanciper.

Chloé Brendlé

Un hamster à l’école,
de Nathalie Quintane
La Fabrique, 198 pages, 13

Décoller l’école Par Chloé Brendlé
Le Matricule des Anges n°220 , février 2021.
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