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Zoom Rivières sans détours

février 2021 | Le Matricule des Anges n°220 | par Martine Laval

Dans ces récits écrits au fil de l’eau et de sa pensée tourbillonnante, on retrouve l’insolence joyeuse d’Edward Abbey, l’écrivain des grands espaces.

En descendant la rivière

On l’invite en qualité de « philosophe de la nature sauvage ». Le salaire n’est pas terrible, mais on n’attend pas de lui qu’il fasse autre chose « que d’avoir l’air sage, la fermer ». Et c’est parti pour de nombreuses escapades sur le dos de ces rivières si follement immenses qui font de l’Amérique du Nord un pays de démesure. Une sorte de voyage organisé plutôt chic avec guides bodybuildés et clients casse-cou, tous à la recherche d’une sorte de pureté, mais si. Edward Abbey, parfaite belle gueule de cow-boy, s’adonne à son sport favori : s’aventurer sur des flots tumultueux, « dans le sens du courant, le sens facile et naturel », faut pas exagérer. Ainsi, navigue-t-il depuis de nombreuses années, de la Green River du côté de l’Utah à la Tatshenshini, tout là-bas en Alaska. Son job : regarder, songer, écrire, partager ses doutes autant que ses enthousiasmes, cultiver l’humour et mieux, l’autodérision, parfois même la mauvaise foi (ce qui est toujours plaisant), et donner vigueur et limpidité à ses textes. Un style narratif déjà bien ancré dans Le Gang de la clé à molette, roman qui fit de lui un auteur culte avec fan-club français, etc.
Né en 1927 et mort en 1989, Edward Abbey est de la génération de quelques insoumis qui firent de la désobéissance civile un art de vivre, un art de penser. En descendant la rivière, recueil publié en 82 et aujourd’hui traduit, cumule les genres littéraires entre Élisée Reclus et Rick Bass : précis de géographie, encyclopédie naturelle, journal intime, diatribe politique, et… hymne à la joie. Car lire Edward Abbey, c’est prendre un grand bol d’air, se sentir titillé par des évocations, des flashs de beauté, des coups de rage salutaire, c’est être transporté non pas dans de banales histoires de randonnées fluviales mais dans une brillante évocation de notre monde avec son côté obscur, industrialisation agricole, pollutions, extinction animale… C’est en vain que notre écrivain des grands espaces cherchera l’ours, ce mythique rival de l’homme.
D’une rivière à l’autre, des souvenirs de lectures émergent, des grands classiques, Orwell & Cie, et surtout Henry David Thoreau (1817-1862), penseur écolo, culte lui aussi avec ses ouvrages comme Walden ou la vie dans les bois et La Désobéissance civile. Abbey, sans nul doute adorateur inconditionnel du philosophe, joue au critique littéraire pointu mais virulent. Il rapporte une phrase de celui qu’il nomme façon copain « Henry » : « Je n’ai jamais trouvé de compagne qui fût aussi bonne compagne que l’est la solitude. » Et Abbey de poursuivre (ou d’achever le penseur) : « Son fantôme nous pardonnera peut-être si nous décelons une forme d’extravagance dans le propos ci-dessus. (…) Henry n’était pas un ermite. Même pas un reclus. Sa fameuse cabane au bord de l’étang de Walden (…) se trouvait à trois kilomètres du village de Concord. » À une demi-heure de marche entre la solitude et la civilisation… Vlan !

Martine Laval

En descendant la rivière
Edward Abbey
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos
Gallmeister, 240 pages, 22

Rivières sans détours Par Martine Laval
Le Matricule des Anges n°220 , février 2021.
LMDA papier n°220
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