La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Poches L’Amant russe, de Gilles Leroy

mars 2022 | Le Matricule des Anges n°231 | par Thierry Cecille

Leningrad, 1974. Le personnage principal – Gilles Leroy, âgé de 16 ans – accompagne un groupe de communistes et sympathisants à travers l’URSS. Sur le modèle de ce qu’avait inventé Potemkine pour Catherine II, la visite est plus qu’organisée, en fait préparée au cordeau et constamment surveillée afin que ces alliés venus du terrible monde capitaliste puissent se réjouir des réalisations de l’avenir radieux socialiste – toujours à venir. Il est donc plus qu’improbable que la moindre surprise survienne, moins encore une rencontre amoureuse, qui est plus est homosexuelle. Gilles Leroy, écrivant ce récit vingt ans après, se retourne vers ce passé et parvient à mêler ironie acerbe et émotion contenue. Il dénonce l’hypocrisie et le mensonge régnant, observe « ce qu’il y a de faussé, d’irrémédiablement manqué » dans les existences des jeunes Russes qu’il côtoie. Il offre de belles descriptions de ce Leningrad estival, celui des nuits blanches et de la canicule, dans lequel il vagabonde au hasard, ville « souveraine, pathétique, cernée d’une eau équanime ». Il y croise un musicien solitaire contre lequel s’acharne la milice, un étudiant africain qui lui demande d’acheter pour lui des cigarettes occidentales – qui lui sont inaccessibles… Il tente surtout de comprendre ce que fut cette relation furtive, à la fois solaire et nocturne, avec ce Volodia qui, bien que dix ans plus âgé que lui, « embrassait comme un voleur novice » et n’avait pas « assez d’yeux pour faire le tour des menaces du monde ».
Ce n’est pas vraiment la nostalgie qui l’emporte mais plutôt, avec ce premier essai avorté, la prescience des échecs futurs : « une phrase vient hanter mes lèvres, souvenir d’Albert Cohen : Et je restai seul, avec mon ridicule amour en chômage. » La belle scène de l’adieu est comme une prophétie – de malheur : « Il pleurait glacé. Il m’apprenait, puisque c’était son rôle, à honorer toute mission jusqu’à son terme le plus extrême – mais c’est plus tard, seulement plus tard que je le saurais, et comment se soldent ces comptes-là, déficitaires à vie  ».

Thierry Cecille

L’Amant russe
Gilles Leroy
L’imaginaire/Gallimard, 143 pages, 8

L’Amant russe, de Gilles Leroy Par Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°231 , mars 2022.
LMDA papier n°231
6,50 
LMDA PDF n°231
4,00